Categoria: Jami (1414-1492)
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Jami: Le nègre et le miroir
Un nègre, parent des démons, pareil à un sombre nuage, ayant lèvre bleue et épaisse comme une jarre d’indigo, et le teint comme du charbon qui ne serait pas allumé, le visage comme un plateau de bois tout noirci par le feu, la bouche demeurant ouverte comme la bouche d’un cadavre, bouche ne se fermant…
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Jami: Unidade
CAPÍTULO II Del Tawhid1, sus diversos grados y de quienes los poseen. Del segundo capítulo del libro primero del Tarjumat al-’Awârif. El Tawhîd tiene varios grados: el primero corresponde a la fe (imân), el segundo a la ciencia (‘ilm), el tercero al estado (hâl) y el cuarto a Dios. El grado de la fe consiste…
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Jami: La vieillesse du poète
Ma tète a blanchi comme un arbre en fleurs ; mais pour moi, cet arbre produit seulement le fruit du chagrin. Devant moi, cheveu par cheveu, le miroir a trop reflété ce défaut qu’est la canitie ; je ne veux plus le regarder. Autrefois, je lisais la nuit, au clair de lune ; je ne…
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Le mythe de Salaman et Absal avant et après Djâmî
Ecrit encore après Yoûssouf et Zouleïkhâ, que Djâmî a terminé à soixante-dix ans, Salâmân et Absâl est une œuvre de l’extrême vieillesse du poète. On ne s’en douterait pas, à en juger par la fraîcheur, la grâce, l’imagination exubérante qui distinguent ces poèmes. On ne peut s’empêcher de se rappeler à ce propos d’autres grands…
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Jami: Renoncement
Djâmi ! jusques à quand resteras-tu captif d’une vaine affliction causée par tes semblables ? Détourne-toi de tous et regarde vers Dieu : tu seras en repos ! Nuit et jour, à tes yeux, la mer d’éternité fait onduler ses flots : quel dommage si tu subissais la souillure des viles contingences ! Oh !…
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Jami: criação permanente
O Shaikh50 (que Deus esteja satisfeito com ele) diz no Faṣṣ i Shu’aibî que o universo consiste de acidentes todos pertencentes a uma única substância, que é a Realidade subjacente a todas as existências. Esse universo é alterado e renovado incessantemente a cada momento e a cada respiração. A cada instante, um universo é aniquilado…
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Jami: Qu’est-ce que l’homme ?
Le commun des mortels définit ainsi l’homme : il est un animal dont la stature est droite ; il a des ongles plats, la peau nue et sans poils, deux pieds pour circuler chez soi ou dans la rue. Donc, tout être en lequel on voit ces attributs, le commun des mortels pense que c’est…
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Djâmi : O mon Dieu ! donne-moi cœur pur
O Dieu ! délivre-nous de la préoccupation des vanités de ce monde ; montre-nous la réalité des choses, telles qu’elles sont ; devant le regard de notre intelligence, écarte le voile de la négligence ; ne fais pas apparaître pour nous le non-être sous l’aspect de l’être et ne jette pas sur la splendeur de…
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Jami: L’amour de Dieu
O Toi dont la beauté se montre en tout ce que nous pouvons voir, que mille âmes sanctifiées te soient en sacrifice offertes ! A tout moment, tel un roseau, je me plains d’être loin de toi1 ; pourtant, ô surprise ! de Toi, je ne suis jamais séparé. C’est seulement l’Amour divin qui, dans…
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Djâmi : Du silence, moyen de salut et parure de l’élévation spirituelle.
Toi qui as prononcé des paroles subtiles, dans tes propos montrant originalité, sur ta langue ce beau discours met une tache, et par elle, ta langue a subi préjudice. Si tu effaces de ta langue cette tache, le ciel sera soumis à l’écrit de tes ordres. Quand un homme répand le bruit d’un beau renom…
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Jami: Transport mystique
Ici l’on est à la lisière du jardin, au bord de l’onde et de la coupe. Echanson ! lève-toi, car il est interdit d’être abstinent ici. Si le docteur est enivré, dans sa cellule, d’entendre les concerts mystiques, ce qu’il me faut, c’est la taverne : les transports y durent toujours. Lorsque tu mets ta…
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Jami: Solitude
Mon amie est partie sans me dire au revoir ; elle m’a oublié, ne pense plus à moi ; au gré de son désir elle suit son chemin sans se tourner vers moi qui suis désappointé. Or, j’étais son esclave et né dans la maison ; elle n’eut pas égard à ma situation. Rapide comme…
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Jami: Nostalgie
En songeant à ta beauté, je suis tombé dans le trouble ; le désir causé par tes tresses m’a mis dans la perplexité. A quoi bon l’esprit, la richesse, du moment que l’amour de toi m’a privé de toute raison ? Tu m’as dit : « Laisse donc l’amour et prends la voie de la…
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Jami: Le mal d’amour
Du royaume d’amour vint l’armée des douleurs ; et maintenant il faut lutter. Du quartier de l’amour un vent violent souffla, si fort qu’il recouvrit les humains de poussière. Mes rivaux sont à l’abri de toutes les vexations : c’est contre moi que mon amie a rédigé ce qu’elle fit. Dedans la jarre de l’amour,…
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Jami: Plainte
De ce cœur mis en pièces vient, sans cesse, une plainte dolente. Comment ne pas gémir alors qu’à tout instant de toi vient mortelle blessure ? Tu mets le pied par terre : alors ton doux parfum s’en exhalera jusqu’au Jugement dernier. Du corps de tout martyr, sur ta route, s’élève ce cri : «…
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Jami: L’absence
Sur tes cheveux bouclés, quand le vent du nord passe, oh ! demande-lui donc en quel état je suis. Du jour que je fus loin de toi, je n’exprimai que ce secret : les journées me semblent des mois, et les mois semblent des années. Lorsqu’en une assemblée tu te montres sans voile, la lune…
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Jami: Le chien qui lâche la proie pour l’ombre.
Un chien s’en allait, un os dans la gueule, cheminant au bord d’une onde courante. Or l’image de l’os apparut en cette onde, tant elle était limpide et pure. Le pauvre chien crut que peut-être un autre os se trouvait dans l’eau. Vers lui, vite, il ouvrit la gueule : l’os qu’il tenait tomba dans…
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Jami: Supplication
Tu possèdes un arc qui, bien qu’il soit rapide, te paraît en retard pour me mettre à trépas ; je ne puis arracher sa flèche de mon cœur. Quand sur sa proie cette effrontée lance sa flèche, je demande à mon dieu qu’il me fasse paraître sous l’aspect du gibier, aux lieux où elle chasse.…
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Jami: L’indépendance est un grand bien.
Un vieillard revêtu d’une bure grossière transportait sur son dos une charge de ronces. Allant clopin-clopant, à chacun de ses pas, il répandait les grains d’une action de grâces : « O Dieu ! toi qui dressas cette voûte sublime ! Toi qui sais consoler le cœur des affligés ! Tu as ouvert pour moi…
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Jami: Illuminations – Ouverture
AU NOM DE DIEU LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX « Ma louange ne parvient pas jusqu’à Toi »1. Or, si « toute louange remonte à Toi », Ta sainte Seigneurie resplendit bien au-dessus de ma louange, car Tu es tel que Tu T’es louangé Toi-même. Seigneur ! Nous n’arrivons pas à articuler Ta louange, et à…