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SONNET XIV

Nous qui, nés au couchant pour mourir avant l’aube, Du monde connaissons l’obscurité totale, Comment appréhender sa vérité, nés aux ténèbres, Impénétrable fruit du non-rayonnement ?

Les seuls astres étant nos maîtres de lumière, nous saisissons A perte de pensée leur ténu poudroiement, Et, bien que leur regard perce des nuits le masque, Il n’annonce jamais le visage du jour.

Pourquoi ces infimes dénis de l’intégral Charmeraient-ils notre œil plus que le noir total ? La prétendue valeur, pourquoi l’âme captive

L’accorde-t-elle à l’exigu pour en priver le grand ? Ainsi, par amour de la lumière souhaitant la nuit plus vaste, Accédons-nous confusément à une nocturne notion du jour.

(Traduit de l’anglais par Armand Guibert.)

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