Chams-od-Dîn Mohammad, connu sous le nom de Hâfiz (« celui qui sait par cœur le Coran ») naquit à Chirâz où il fit d’excellentes études et subit l’influence de plusieurs intellectuels, notamment d’un derviche auquel il doit peut-être certains aspects de son génie : dans ses vers il évoque parfois le souvenir de ces personnages. Il devint professeur d’exégèse coranique.
En 1368, il réunit ses poésies en un recueil (dîvân) ; alors sa renommée passa les limites de la province de Fârs et plusieurs princes lui offrirent l’hospitalité ; mais il ne quitta Chirâz que pour quelques voyages, par exemple à Mèched, en pèlerinage au tombeau de l’imâm Rizâ (Hâfiz était chiite). Il ne se plaisait qu’en sa ville natale dont il a célébré les agréments. Il mourut en 1389. Sa tombe est toujours visitée pieusement. Les Iraniens le considèrent comme leur plus grand poète lyrique. Dédaignant le panégyrique et autres poèmes pompeux, il est le maître incontesté du ghazal, chantant l’amour, le vin, la nature et aussi l’énigme de notre destinée. Tous ces thèmes sont idéalisés par Hâfiz, mais on ne peut savoir au juste si son inspiration est mystique ou profane ; cette incertitude, l’harmonie musicale de son style et de sa langue font le charme indéfinissable de sa poésie, mais aussi l’extrème difficulté — pour ne point dire l’impossibilité — d’une traduction précise.
Après sa mort, un de ses amis, Mohammed Golandâm, rassembla les poésies composées depuis 1368. Les manuscrits présentent de nombreuses divergences dans les textes et dans l’ordre des poèmes — ce qui augmente les problèmes soulevés par la pensée de Hâfiz.
Anthologie persane (XI-XIX siècles)
Henri Massé
Payot, Paris, 1950
HÂFIZ