Hodja Nasr-Eddin Effendi monte un jour en chaire, pour prêcher : — O musulmans ! dit-il, connaissez-vous le sujet dont j’ai à vous entretenir ? — Nous l’ignorons, répondit-on de l’auditoire. — Comment vous développerais-je, s’écrie le Hodja, un sujet que vous ignorez ? Une autre fois, il monte de nouveau en chaire et dit : — O croyants ! savez-vous ce que j’ai à vous dire? — Nous le savons, s’écrie-t-on. — Que vous dirai-je alors que vous ne sachiez, fit le Hodja en descendant de la chaire. L’assemblée reste surprise de son départ. Quelqu’un propose alors que, s’il revenait, les uns répondraient : nous le savons, les autres : nous l’ignorons. Cette opinion prévalut. Une autre fois encore le Hodja paraît et, comme précédemment, s’écrie : — O mes frères! savez-vous ce que j’ai à vous dire ? — Parmi nous, lui dit-on, les uns le savent, les autres l’ignorent. — Eh bien, réplique le Hodja, que ceux qui en sont instruits l’apprennent aux autres.