Alain Daniélou: MITOS E DEUSES DA ÍNDIA (DMDI)

Le terme Asura qui représente l’Être suprême dans les parties les plus anciennes du Rig Veda est équivalent de l’Ahura zoroastrien. Dans le sens de Dieu, le terme Asura s’appliquait à plusieurs des divinités principales, à Indra, à Agni, à Varuna. Plus tard il prit un sens contraire et arriva à signifier un Anti-dieu, un démon, un ennemi des Dieux. C’est avec ce sens qu’on le retrouve dans le dernier livre du Rig Veda et dans l’Atharva Veda.

Le mot Asura semble venir de la racine as « être ». Les Asura-s sont donc les formes de l’être, de l’existence. Les Brâhmana-s et les Purâna-s font venir le mot de asu, « souffle ». Asura peut toutefois avoir d’autres sens. « Ceux qui n’aiment pas leur résidence ou en ont été chassés et ceux dont les souffles, les énergies vitales, sont fortement noués ensemble sont des Asura-s.

« Il créa les Dieux en partant des plus hautes formes de l’énergie vitale, c’est pourquoi ils sont des Dieux (Sura-s) et avec les formes inférieures de la vie il a formé les Antidieux, c’est pour cela qu’ils sont des Anti-dieux. » (Nirukta, 3, 2, 7.)

Le Râmâyana appelle Asura-s ceux qui s’abstiennent de boire du vin, un préjugé commun parmi les populations pré-aryennes.

« Ceux qui burent le vin (surâ) (qui apparut lorsque l’Océan fut baratté) sont appelés des Dieux (Sura-s) tandis que les fils de Diti qui refusèrent de boire sont des Antidieux (A-sura-s). » (Râmâyana, 1, 45.)

D’après le Taittirîya Brâhmana « le souffle (asu) du Progéniteur devint vivant. Avec ce souffle il créa les Asura-s ». Le mot Asura pourrait toutefois aussi venir d’une autre racine, as, qui veut dire effrayer. Il représente alors les aspects terribles des divinités. Le nom est sans aucun doute d’origine indo-iranienne.