Guénon (RGEH) – les éléments

Nous rappellerons que les cinq éléments reconnus par la doctrine hindoue sont les suivants : âkâsha, l’éther ; vâyu, l’air ; têjas, le feu ; ap, l’eau ; prithvî, [48] la terre. Cet ordre est celui de leur développement ou de leur différenciation, à partir de l’éther qui est l’élément primordial ; c’est toujours dans cet ordre qu’ils sont énumérés dans tous les textes du Vêda où il en est fait mention, notamment dans les passages de la Chhândogya-Upanishad et de la Taittirîyaka-Upanishad où leur genèse est décrite ; et leur ordre de résorption ou de retour à l’état indifférencié, est naturellement inverse de celui-là. D’autre part, à chaque élément correspond une qualité sensible qui est regardée comme sa qualité propre, celle qui en manifeste essentiellement la nature et par laquelle celle-ci nous est connue ; et la correspondance ainsi établie entre les cinq éléments et les cinq sens est la suivante : à l’éther correspond l’ouïe (shrotra), à l’air le toucher (twach), au feu la vue (chakshus), à l’eau le goût (rasana), à la terre l’odorat (ghrâna), l’ordre de développement des sens étant aussi celui des éléments auxquels ils sont liés et dont ils dépendent directement ; et cet ordre est, bien entendu, conforme à celui dans lequel nous avons déjà énuméré précédemment les qualités sensibles en les rapportant principiellement aux tanmâtras. De plus, toute qualité qui est manifestée dans un élément l’est également dans les suivants, non plus comme leur appartenant en propre, mais en tant qu’ils procèdent des éléments précédents ; il serait en effet contradictoire de supposer que le processus même de développement de la manifestation, en s’effectuant ainsi graduellement, puisse amener, dans un stade ultérieur, le retour à l’état non manifesté de ce qui a été déjà développé dans des stades de moindre différenciation.

Guénon – Hinduísmo