Jami: Renoncement

Djâmi ! jusques à quand resteras-tu captif d’une vaine affliction causée par tes semblables ? Détourne-toi de tous et regarde vers Dieu : tu seras en repos ! Nuit et jour, à tes yeux, la mer d’éternité fait onduler ses flots : quel dommage si tu subissais la souillure des viles contingences ! Oh ! renonce au sommeil : si tu es clairvoyant dans l’assemblée des initiés au cœur ardent c’est parce que ton œil ne fut pas somnolent. Pourquoi donner ton temps au cuivre sans valeur ? Quel profit tires-tu d’une fausse dorure ? Cherche pierre philosophale ! N’agis pas en homme vulgaire : au sombre bas-fond d’ici-bas, tant que tu fermeras les yeux, tu seras foulé sous les pieds. A réduire ta vie, efforce-toi : nul doute qu’ensuite, tu croîtras tout comme fait la lune. Le parfum que produit la pauvreté mystique ne touchera jamais ton odorat, Djâmi ! tant que tu te diras content de posséder, mais attristé de ce que tu n’as pas. (Djâmi)

Jami (1414-1492)