Question : Comment une méditation sur une certaine partie peut-elle conduire à méditer sur l’ensemble? On ne peut se concentrer que sur un seul aspect. On prétend que lorsqu’on est absorbé dans la méditation, il se produit une extension progressive de la conscience et que lorsque le mental atteint ce qui est au-delà de ce qu’il peut contenir, il se dissout spontanément (laya). Alors il n’y a plus de méditation. C’est la vision divine (jnâna). Certains soutiennent cette théorie. Comment le mental peut arriver à tout englober par cette méthode, je ne parviens pas à le comprendre.
Mâ : Il n’y a méditation réelle que lorsque la méditation jaillit spontanément (dhyâna). Elle doit venir d’elle-même, sans effort.
D’autre part, si vous dites que le mental se dissout (laya), quelle est son origine?
— Du Soi (Atman). Dans la Shruti il est dit qu’il émane du Soi comme une ombre.
— Voulez-vous dire que là où il y a naissance, il y a forcément dissolution (nâsha)? Mais s’il en était ainsi, le mental surgirait à nouveau. Vous dites ne pouvoir comprendre le caractère « tout englobant » du mental. C’est tout naturel car ce n’est pas une chose à comprendre; ce n’est ni une chose ni rien à comprendre. Vous ressentez joies et chagrins de ce monde; de même vous jouissez dans votre méditation d’un bonheur ou d’une béatitude temporaires. Cela aussi est une expérience, n’est-ce pas? Et pourtant il y a une petite différence.
Si un homme prétend qu’il décrit une expérience ou s’y réfère lorsqu’il redescend des hauteurs de l’extase divine (samâdhi), il va de soi que montée et descente continuent d’exister pour lui; autrement pourquoi utiliserait-il ces expressions? Mais il existe aussi un état où il n’est plus question de montée et de descente. Vous pouvez soutenir que le mental doit être considéré comme existant dans le samâdhi, bien qu’absorbé; autrement, comment une personne revenant de samâdhi pourrait-elle parler de l’expérience qu’elle vient d’avoir? Vous pouvez soutenir en outre que son mental est un mental purifié. Je ME place à votre point de vue. Le chemin est marqué d’expériences. Il existe une différence entre les deux sortes d’expériences dont nous venons de parler. Pourtant, toutes deux appartiennent au mental, bien qu’à des niveaux différents — même ce que vous appelez samâdhi.
Cependant, il existe aussi un autre état où l’on ne peut plus parler de montée ni de descente et par conséquent pas davantage d’un corps. S’il se pose encore la question du corps ou de l’action, ou n’importe quelle autre question, cela signifie que cet état n’a pas été atteint.
Lorsque vous dites que le mental se dissout (laya), en quoi se dissout-il?
— Dans le Soi, naturellement.
— Voulez-vous dire que l’esprit se dissout, comme le sel dans l’eau. Il peut sembler en être ainsi d’un certain point de vue. Dans le cas d’une telle dissolution, un yogin parfait peut ressusciter le mental.
— Je pensais à une destruction absolue (nâsha).
— Destruction (nâsha) ou dissolution (laya)? Nâ sha signifie « non Lui », nâ sva « non-Soi ». C’est sûrement cela que l’on nomme destruction. Lorsque la destruction est détruite, il y a cela. Appelez-vous l’annihilation de l’ego (manonâsha) sa dissolution?