Schuon: D’où part le Bouddhisme ?

Original

Le Bouddhisme part, non pas de la notion de l’égo comme le font les religions d’origine sémitique, mais de la réalité tout empirique de la souffrance; son tremplin spirituel n’est pas le contenant que nous sommes, mais le contenu que nous vivons : le « moi » est un assemblage éphémère de sensations, d’où l’apparente négation de l’ « âme », qui résulte de la même perspective que l’apparente négation de « Dieu ». Le Bouddhisme n’est que logique avec lui-même en niant la continuité de l’âme sensorielle.

C’est seulement quand ce contenant abstrait qu’est l’égo devient à son tour contenu empirique, qu’intervient la perspective métaphysique qui, elle, exclut a fortiori tout égocentrisme. Le Bouddhisme devient métaphysique quand le « moi », dans le processus d’extinction, est perçu concrètement comme « désir » et partant comme « douleur ». (Frithjof Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains)


Cutsinger

Buddhism does not begin with the notion of the ego as do the religions of Semitic origin but with the wholly empirical reality of suffering; its spiritual springboard is not the container we are but the content we live: the “I” is an ephemeral assemblage of sensations, hence the apparent denial of the “soul”, which results from the same perspective as the apparent denial of “God”. Buddhism is merely being logically consistent in denying the continuity of the sensory soul.

Only when the abstract container that is the ego becomes in turn an empirical content does the metaphysical outlook intervene, which for its part excludes a fortiori all egocentricity. Buddhism becomes metaphysical when the “I” is concretely perceived as “desire”, and thus as “suffering”, in the process of extinction.

Frithjof Schuon