Schuon: la musique

La musique distingue les essences comme telles, et non, comme la poésie, leurs degrés de manifestation : elle peut exprimer la qualité « feu », sans pouvoir spécifier – n’étant pas « objective » – s’il s’agit du feu visible, de la passion, de la ferveur ou de l’embrasement mystique, ou encore du feu universel – c’est-à-dire de l’essence angélique – dont toutes ces expressions dérivent. Tout cela, la musique l’exprime à la fois quand elle chante le génie igné; et c’est pour cela que les uns entendent la voix de la passion et les autres celle de la fonction spirituelle correspondante, angélique ou divine. De ces essences, la musique saura présenter d’innombrables combinaisons et modes moyennant les différenciations et caractères secondaires de la mélodie et du rythme; celui-ci, du reste, est plus essentiel que celle-là : il est la détermination principielle ou masculine du langage musical, tandis que la mélodie en sera la matière expansive et féminine. (Perspectives spirituelles et faits humains)

Frithjof Schuon