Les quatre premiers nombres, de même que les quatre premières formes, ont quelque chose de quasi divin du fait qu’ils sont incomparables, d’une part, entre eux et, d’autre part, par rapport à tous les autres nombres et à toutes les autres formes. Le point, la ligne, le triangle, le carré sont foncièrement différenciés comme si chacun constituait une espèce à part, tandis que les formes subséquentes, à partir du pentagone, semblent toutes appartenir à une seule et même espèce — d’ailleurs leur série aboutit vite au cercle1 car on ne saurait imaginer un polygone régulier ayant cent ou mille angles : déjà le dodécagone paraît « à bout de souffle ». Il y a donc quelque chose de quasi absolu dans les quatre premières formes comme dans les quatre premiers nombres ; ce sont des symboles proprement hypostatiques tandis que le nombre cinq, et avec lui le pentagone ou le pentagramme — ou l’étoile à cinq branches — semblent inaugurer le monde, la création, le cosmos, tout en se référant forcément à des prototypes in divinis. En d’autres termes, ce sont les quatre premiers nombres et les quatre premières formes qui ont pour ainsi dire le privilège de pouvoir « définir » ou « décrire » le pur Être ; ce qui n’est pas une délimitation arbitraire, étant donné leurs significations tout à fait fondamentales et partant inégalables. (Frithjof Schuon, Avoir un centre)
En fait, le cercle symbolise la totalité, comme le point symbolise l’unité ou l’unicité ; toutes les autres figures géométriques ou valeurs numérales se situent entre ces deux pôles. ↩