L’Infini est pour ainsi dire la dimension intrinsèque de plénitude propre à l’Absolu; qui dit Absolu, dit Infini, l’un n’étant pas concevable sans l’autre.
Dans toutes les catégories existentielles, il y a opposition entre l’ « infiniment grand » et l’ « infiniment petit », selon les modes appropriés ; or, rien ne peut être métaphysiquement infini en dehors de l’Absolu, si bien que nous devons admettre que les « deux infinis », le petit et le grand — le mot « infini » n’ayant alors qu’un sens relatif et empirique1 —, arrivent nécessairement à une limite, sans doute inimaginable mais en tout cas concevable. Car on peut parfaitement concevoir que les deux apparentes infinitudes débouchent d’une certaine façon sur le néant, par une sorte de sursaturation et d’ « explosion ontologique » — s’il est permis de s’exprimer ainsi — dont le principe ou la préfiguration est donné par la limitation spécifique même des catégories. (Avoir un centre)
Quand nous parlons d’ « infini », nous entendons simplement ce qui est sans limites dans son ordre ; nous ne voyons aucune raison de réserver ce terme au seul Infini métaphysique, d’autant que les usages du langage ne nous y obligent pas. ↩