A psychanodia ou viagem celeste da alma representa, dos pré-socráticos a nossos dias, uma das experiências extáticas ou escatológicas mais difundidas no interior de diversas religiões ou correntes religiosas do mundo inteiro.
Resumo
Os trabalhos de Wilhem Anz e Wilhelm Bousset marcaram pela simplicidade, talvez até simplismo; Carsten Colpe demonstra muito bem que nossas informações concernentes a vários tipos de ascensões visionárias vem se tornando mais precisas; vem se perdendo a simplicidade.
A psychanodia ou viagem celeste da alma representa, dos pré-socráticos a nossos dias, uma das experiências extáticas ou escatológicas mais difundidas no interior de diversas religiões ou correntes religiosas do mundo inteiro. Há uma certa continuidade nos relatos visionários, de Platão até a baixa Idade Média cristã.
- A ideia de uma influência oriental — sobretudo Zoroastro – iraniana — sobre os relatos gregos de ascensão ao céu é supérflua quando se pensa na existência dos «xamãs» na Grécia antes de Sócrates [v. Pré-socráticos] começam no tempo de Platão a contribuir na construção de crenças escatológicas sempre mais conformes às hipóteses científicas, o que leva, sob a influência da astrologia, ao cenário mais ou menos constante de uma ascensão que se desenvolve através das sete esferas planetárias segundo a ordem «caldaica» ou «egípcia».
- Chamaremos estas ascensões de tipo “grego”: gnósticos, herméticos, Numenius, Macrobius, Servius, Proclus, Dante Alighieri, Marsilio Ficino, Pico della Mirandola, etc.
- Ascensões do tipo “judaica”: testemunhos mais abundantes; influência babilônica; ascensão através de 3 ou sete céus que não são jamais céus planetários. Todo o apocalipse judeu e judeu-cristão, a mística da MRKBH ou do carro portando o trono divino na visão de Ezequiel, os relatos islâmicos do miraj de Maomé, os apocalipses cristãos e judeus medievais são deste tipo que se pode definir como o mais simples.
- Numerosos apocalipses tipicamente gregos como o Mito de Er em Platão e os mitos escatológicos de Plutarco, não parecem se enquadrar no tipo “grego” que se acabou de definir; estes apocalipses têm uma influência determinante sobre o tipo “judeu” na época cristã.
- Convergências entre o tipo grego e judeu de ascensão não chegam jamais a retirar as diferenças essenciais entre eles. Quando o miraj de Maomé fala de sete/oito céus, não se refere jamais aos céus astronômicos como acreditava erroneamente Miguel Asin Palacios. De fato em Dante os céus são contados e nomeados segundo os planetas e a cosmologia aristotélica. Razão ainda maior para se opor a assimilação do miraj de Maomé à ascensão de Dante em Miguel Asin Palacios.
Original
Les travaux de Wilhelm Anz et Wilhelm Bousset ont fait date à cause de la simplicité, voire du simplisme, des conclusions des deux savants. Au niveau actuel des recherches, pourrait-on leur opposer des connaissances tout aussi claires et efficaces? Cela est peu probable, mais ne constitue pas, pour nous, un sujet d’inquiétude. A l’heure où — comme Carsten Coipe l’a très bien montré dans deux travaux qui conservent toute leur valeur aujourd’hui — nos informations concernant plusieurs types d’ascension visionnaire deviennent de plus en plus précises, il n’est plus possible d’énoncer une théorie en des termes aussi simples. Et pourtant, même si nos conclusions ne réservent plus de place au problème de l’origine ultime de l’idée d’ascension ou des schèmes célestes, il vaut certainement la peine de les exposer d’une manière concise avant d’aborder la matière parfois difficile de cet ouvrage.
La psychanodie ou voyage céleste de l’âme représente, des présocratiques à nos jours, l’une des expériences extatiques ou eschatologiques les plus répandues à l’intérieur de plusieurs religions ou courants religieux du monde entier. Nous concentrant exclusivement sur les traditions qui ont influencé le monde occidental, nous avons constaté l’existence d’une certaine continuité dans les récits visionnaires, de Platon jusqu’au bas Moyen Âge chrétien, et de Numénius d’Apamée et Julien le Théurge jusqu’à Marsile Ficin et Jean Pic de la Mirandole.
L’idée d’une influence orientale — surtout iranienne — sur les récits grecs d’ascension au ciel est superflue lorsque l’on pense à l’existence des « chamans » en Grèce avant Socrate. Ces récits commencent, au temps de Platon, à contribuer à la construction de croyances eschatologiques toujours plus conformes aux hypothèses scientifiques, ce qui aboutit, sous l’influence de l’astrologie, au scénario plus ou moins constant d’une ascension qui se déroule à travers les sept sphères planétaires selon l’ordre « chaldéen » ou « égyptien ». Nous appellerons ce type de psychanodie, que nous rencontrerons chez les gnostiques et les hermétiques, chez Numé-nius, Macrobe, Servius, Proclus, Dante Alighieri, Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole, etc., du nom de type grec.
Par contre, c’est en milieu juif-hellénistique, peut-être sous influence babylonienne, que se développe l’autre type d’ascension [appelons-le juif], à travers trois ou sept cieux qui ne sont jamais les deux planétaires. Les témoignages concernant le type juif sont plus abondants que ceux relevant du type grec. En effet, toute l’apocalyptique juive et judéo-chrétienne, la mystique de la MRKBH ou char portant le trône divin dans la vision d’Ezéchiel, les récits islamiques du mi‘râj de Mohammed, les apocalypses chrétiennes et juives médiévales ressortissent à ce type qu’on peut définir comme le plus simple et le plus pathétique et, certainement, le moins rigoureux quant aux informations scientifiques qu’il véhicule.
Tout cela se complique du fait que de nombreuses apocalypses typiquement grecques, comme celle d’Er dans la République de Platon ou celles comprises dans les grands mythes eschatologiques de Plutarque, n’appartiennent pas au type « grec » ainsi qu’on vient de le définir. Elles auront pourtant une influence déterminante sur le type « juif » à l’époque chrétienne. Les étiquettes de « grec » et de « juif » pourront donc être retenues, compte tenu du fait qu’elles ne veulent pas forcément indiquer l’origine « grecque » ou « juive » des matériaux étudiés. Mais peut-on parler d’un « type mixte » ?
De nombreuses convergences entre le type grec et le type juif de psychanodie n’aboutissent jamais à enlever les différences essentielles entre eux. S’il est vrai, comme l’observait très bien Jacques Flamant, que, lorsque les théories grecques de la psychanodie planétaire parvinrent aux théologiens chaldéens, ceux-ci « n’ont pu que se réjouir de l’invention d’une cosmographie qui cadrait si bien avec leur antique théologie », il s’agit pourtant d’une rencontre dangereuse pour l’identité des Chaldéens. En effet, tous ceux qui adoptent le modèle grec de l’ascension se voient d’emblée transformés en représentants du type grec. Il reste néanmoins bizarre que, quoique les deux modèles se rapprochent souvent jusqu’à une distance infime [par exemple dans les récits du mi‘raj ou dans les apocalypses médiévales], le passage n’a jamais lieu, qui transforme un type dans l’autre. Lorsque le mi’raj de Mohammed parle de sept/huit deux, il ne se réfère jamais aux « cieux astronomiques », comme le croyait encore le grand savant Miguel Asin Palacios. Par contre, chez Dante, les cieux sont comptés et nommés selon les planètes et la cosmologie aristotélicienne. Raison à ajouter, peut-être, à celles qui s’opposent à l’idée d’un emprunt de la Divine Comédie au mi‘râj.
Celle-ci représente la constatation générale la plus importante qui se dégage de notre ouvrage. Pour le reste, les spécialistes trouveront matière à méditer sur plusieurs théories périmées du passé, tandis que le public qui voudra lui accorder son attention en obtiendra, sans doute, des informations accessibles.