Corbin (Ibn Arabi) – Hadith da Visão

Tenhamos bem presente ao pensamento um duplo leitmotiv: a resposta de Deus a Moisés, registrada no texto corânico: «Tu não me verás» — e o célebre hadith da visão (hadith al-ruya), seja visão em sonho ou visão extática, onde o Profeta atesta: «Vi meu Senhor sob uma forma da da maior beleza, como um jovem de abundante cabeleira, assentando sobre o Trono da graça; ele estava revestido de uma veste de ouro (ou de um manto verde, segundo a variante); sobre sua cabeleira, uma mitra de ouro; a seus pés, sandálias de ouro». Refutação da visão e atestação desta visão: os dois motivos já formam juntos uma coincidentia oppositorum. Além do mais, a Imagem recorrente tanto no hadith da visão profética quanto na experiência pessoal de Ibn Arabi, é uma Imagem de puer aeternus, símbolo plástico visionário desta mesma coincidentia oppositorum, bem conhecido dos psicólogos. Desde então uma tripla questão se ilumina: Quem é esta Imagem? De onde vem e qual é o contexto? Qual grau de experiência espiritual anuncia sua aparição, quer dizer qual realização do ser é operada em e por esta imagem?

Autant un théologien comme al-Ghazâlî reste désarmé, sans solution, devant l’Image, et a fortiori devant une expérience visionnaire de l’Image parce qu’il s’en fait une conception toute « nominaliste » et agnostique, et n’a d’autre ressource que de la dénaturer en allégorie plus ou moins inoffensive, cela justement parce qu’il n’a aucune idée du théophanisme professé par un Ibn Arabi, — autant en revanche un disciple de celui-ci, tel ’Abdol-Karîm Gîlî, se trouve à son aise pour l’expliquer et la commenter. Il insiste sur la double dimension de l’événement : réalité plénière de la Forme déterminée, et contenu caché qui ne peut prendre figure que dans cette Forme. Il l’analyse comme une coincidentia oppositorum qui nous impose une homologation de l’infini dans une forme finie, parce que telle est la loi mème de l’être. Et la « Face divine, la « Forme de Dieu », qui se montre ainsi — nous l’avons appris précédemment — c’est aussi la « Face impérissable » de l’être à qui elle se montre, son Esprit-Saint. Il faut en revenir en effet toujours à ceci : ce qu’atteint un être au sommet mème de son expérience mystique, ce n’est pas, ce ne peut être le fond de l’Essence divine en son unité indifférenciée. C’est la raison mème pour laquelle Ibn Arabi récusait la prétention de certains mystiques, prétendant « devenir un seul et mème avec Dieu ».

[CorbinIbnArabi]

Henry Corbin (1903-1978)