Evola: Les langues

Baillet

Une des preuves que le cours de l’histoire n’a pas suivi, en dehors du plan purement matériel, une direction de progrès, c’est la pauvreté des langues modernes par rapport à de nombreuses langues anciennes. Pas une seule des « langues vivantes » occidentales ne peut soutenir la comparaison, en matière d’organicité, de précision et de souplesse, avec, par exemple, le latin ou le sanskrit. Parmi toutes les langues européennes, il n’y a peut-être que l’allemand qui ait conservé quelque chose de la structure archaïque (et c’est pour cela que la langue allemande a la réputation d’être « si difficile »), alors que la langue anglaise et celles des peuples scandinaves ont également subi un processus d’érosion et d’affaiblissement. D’une manière générale, on peut dire que les langues anciennes étaient tridimensionnelles, tandis que les langues modernes sont bidimensionnelles. Le temps a agi, ici aussi, dans un sens corrosif ; il a rendu les langues « fluides » et « pratiques » au détriment, justement, du caractère organique. Ceci n’est qu’un reflet de ce qui s’est vérifié dans bien d’autres domaines de la culture et de l’existence.


Original

Uno dei segni del fatto, che il corso della storia ha rappresentato, fuor dal piano puramente materiale, tutt’altro che un progresso è dato dalla povertà delle lingue moderne rispetto a molte lingue antiche. Non vi è una delle cosidette «lingue vive» occidentali che, per organicità, articolazione e plasticità, regga il confronto, ad esempio, col latino antico o col sanscrito. Fra le lingue di ceppo europeo forse il solo tedesco ha conservato qualcosa della struttura arcaica (ed è per questo che la lingua tedesca ha fama di essere «così difficile»), mentre la lingua inglese e quelle dei popoli scandinavi hanno parimenti subito un processo di erosione e di appiattimento. In genere, si può dire che le lingue antiche cui accenniamo erano tridimensionali, mentre quelle moderne sono bidimensionali. Il tempo ha agito anche qui in senso corrosivo; ha reso «pratiche» e «fluide» le favelle a scapito, appunto, dell’organicità. È, questo, un riflesso di quanto si è verificato in molti altri domini della cultura e dell’esistenza.

Julius Evola