La chimie occulte, ou alchimie, ne diffère de la chimie ordinaire ou normale que par la théorie de la constitution de la matière ; les processus de fonctionnement ne diffèrent pas de l’extérieur, ni les appareils utilisés. C’est le sens avec lequel l’appareil est utilisé et les opérations sont effectuées qui fait la différence entre la chimie et l’alchimie.
La matière du monde physique est constituée de trois manières, toutes simultanément réelles : seules deux de ces manières importent à un niveau conceptuel différent, et elle n’est pas accessible par des opérations, des dispositifs ou des processus qui ne ressemblent même pas à ceux employés dans tout ce que ça s’appelle « chimie » ou « physique » « occulte » ou pas.
La matière est en réalité, et comme le croient les physiciens et les chimistes normaux, constituée d’un système de forces en équilibre instable, formant des corps dynamiques que l’on peut appeler “atomes”. Car cela est réel, et la matière, considérée physiquement, est bien constituée de cette manière , les expériences et les résultats des hommes de science sont possibles, et la matière peut être manipulée par des moyens matériels, par des procédés purement physiques ou chimiques, et à des fins tangibles et immédiatement réelles.
Mais en même temps, les éléments qui composent la matière ont une autre signification : ils existent non seulement en tant que matière, mais aussi en tant que symbole. Il y a, par exemple, une matière ferreuse ; il y a pourtant et en même temps le même fer, un fer-symbole. Chaque élément symbolise une certaine ligne de force supramatérielle et, par conséquent, une opération ou une action peut être effectuée sur celui-ci qui l’atteint et l’altère, non seulement dans quel élément, mais aussi dans quel symbole. Et une fois cette opération réalisée, l’effet produit dépasse transcendantalement l’effet matériel qui reste visible, sensible, mesurable dans le récipient ou dispositif dans lequel l’expérience a été réalisée.
C’est l’opération alchimique.
Et cela dans son aspect extérieur : parce que, dans sa réalité intime, c’est quelque chose de plus que cela. Comme le physicien (y compris le chimiste dans le terme), lorsqu’il opère matériellement sur la matière, vise à transformer la matière et à la dominer, à des fins matérielles ; ainsi l’alchimiste, en opérant matériellement en termes de processus mais transcendantalement en termes d’opérations, sur la matière, vise à transformer ce que la matière symbolise, et à dominer ce que la matière symbolise, pour des fins qui ne sont pas matérielles.
La ressemblance, cependant, s’arrête là. Le résultat de l’expérience physique est un produit externe, avec lequel l’opérateur n’a rien à voir sauf à le voir, ou à le posséder, si tel est le cas. Mais dans l’expérience alchimique, la «force», que symbolise le corps travaillé, est en contact direct avec l’esprit de l’opérateur, et non seulement l’opérateur, mais aussi ceux qui l’aident consciemment (bien que sans connaissance alchimique) dans ses expériences. Le résultat de l’expérience affecte donc l’opérateur et ses “adjoints” (comme on dit) d’une manière différente et diverse.