Garcin de Tassy (Attar) – A poesia filosófica persa

Segundo os sufis afegãos, o vinho significa direção; sono, meditação nas perfeições divinas; perfume, a esperança do favor divino; o zéfiro, as explosões de graça; os beijos, os transportes de piedade. Os idólatras, os infiéis, os libertinos não são outros senão aqueles que possuem a verdadeira fé; seu ídolo é o criador, a taberna é o templo do amor divino; o taberneiro, o guia espiritual; a beleza é a perfeição da Divindade; os cachos e tranças de cabelo são a imensidão de sua glória; os lábios, os mistérios inescrutáveis ​​de sua essência; a penugem das bochechas, o mundo dos espíritos que cercam seu trono; a efélide, unidade divina; alegria louca, entusiasmo religioso.

L’énigme de la nature a été diversement expliquée par la philosophie. Il s’est élevé en différents lieux et en différents siècles de grands génies, auxquels la foule a été docile et qui ont fait adopter par des millions d’adeptes leurs suppositions réduites en systèmes. Toutefois, il manquait à ce grand mystère une explication authentique, qui pût satisfaire à la fois et l’esprit et le cœur. Cette explication, que la science humaine avait en vain cherchée, nous la devons à la révélation déposée dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Elle nous a fait connaître les deux points culminants du mystère Dieu et l’homme. C’est sur ce dualisme abstrait que se sont exercés depuis longtemps nombre d’écrivains distingués, juifs, chrétiens et musulmans, et ces derniers peuvent même être simplement classés parmi les hérétiques chrétiens Mahomet fit reculer le christianisme jusqu’à une espèce de judaïsme ; il admet cependant non-seulement l’Ancien, mais le Nouveau Testament comme base de ses doctrines, et il reconnaît la mission de Moïse et celle de Jésus, le Messie promis. Ainsi, l’islamisme n’est en effet qu’une grande aberration chrétienne. Avec les sociniens, les musulmans rejettent la divinité du Sauveur, et, par conséquent, la rédemption; avec les unitaires, ils nient la Trinité, et enfin, comme les quakers, ils ne sont pas baptisés. Mais ils admettent la tradition de l’Eglise catholique sur le culte des saints et les prières pour les morts.

Les musulmans ont surtout déployé, pour développer le mystère de la nature, une subtilité remarquable. Ils ont entrepris une tâche difficile, l’alliance de la philosophie et de la révélation. Placés entre le panthéisme des yoguis indiens et le Coran, qui est quelquefois une informe copie de la Bible, les philosophes musulmans nommés sofis ont établi une école panthéiste appropriée aux idées musulmanes, une sorte de doctrine ésotérique de l’islamisme, qu’on doit distinguer du panthéisme indien, bien qu’elle n’offre en réalité que les erreurs du védanta et du sankhya. Or « le panthéisme, comme doctrine morale, conduit aux mêmes conclusions que le matérialisme, négation de la liberté humaine, indifférence des actions, légitimité des jouissances temporelles. Dans ce système tout est Dieu, excepté Dieu lui-même , puisqu’il cesse par là même de l’être. »

Le spiritualisme des sofis, quoiqu’il soit le contraire du matérialisme, lui est en réalité identique. Mais si leur doctrine n’est pas plus raisonnable , elle est du moins plus élevée et plus poétique. Un voyageur anglais (Burton) l’a parfaitement décrite en peu de mots : « The religion of beauty, whose leading principie is that of earthly, the imperfect type of heavenly love. Its high priests are Anacreontic poets; its rites wine, music and dancing, spiritually considered, and its places of worship meadow’s and gardens where the perfume of the rose and the song of the nightingale, by charming the heart, are supposed to improve the mind of the listener. »

Le poète hindoustani Yaquin dit à ce sujet :

« O scrupuleux dévot, ne crois pas que pour fréquenter la taverne on soit dépourvu de foi. Là, le vin, c’est la révélation; la coupe, le prophète qui l’annonce; et l’échanson, c’est Dieu. »

Selon les sofis afgans , le vin signifie la direction; le sommeil, la méditation sur les perfections divines ; le parfum , l’espoir de la faveur divine; le zéphyr, les explosions de la grâce; les baisers, les transports de la piété. Les idolâtres, les infidèles, les libertins ne sont autres que ceux qui sont en possession de la vraie foi; leur idole, c’est le créateur, la taverne, c’est le temple de l’amour divin; le tavernier, le guide spirituel ; la beauté, c’est la perfection de la Divinité ; les boucles et les tresses de cheveux, c’est l’immensité de sa gloire; les lèvres, les mystères inscrutables de son essence; le duvet des joues, le monde des esprits qui environnent son trône; l’éphélide, l’unité divine; la gaieté folle, l’enthousiasme religieux.

Il y a eu des écrivains sofis qui ont employé leurs efforts à faire concorder un à un avec les dogmes mahométans leurs propres principes, de manière à en établir l’orthodoxie. Tous admettent une double doctrine, l’exotérique ou extérieure (zahir) y et l’ésotérique ou intérieure (batin).

Il règne au surplus chez les musulmans, dit d’Herbelot dans sa Bibliothèque orientale, au mot Giamaat, une grande liberté d’opinion. Le plus grand nombre de leurs écrivains religieux appartiennent à la secte philosophique des sofis, ce qui a propagé parmi eux la doctrine du libre examen. Les docteurs les plus orthodoxes de l’islamisme semblent l’approuver, et on cite complaisamment cette sentence du célèbre Ibn Masud : « L’Eglise ne consiste pas dans la quantité des personnes. Celui qui possède la vérité de son côté est l’Église, fût-il seul. » Dans l’Inde, le sofisme d’une part et le védantisme de l’autre ont eu pour résultat de rapprocher les éléments opposés de l’islamisme et de l’hindouisme, ce qui s’est traduit dans la pratique par de nombreuses sectes mixtes, telles par exemple que celles des kabir-panthis et des sikhs.

Attar (1145-1221)