On dit que, quand Jésus fut transporté au ciel, les chrétiens se divisèrent en soixante-douze sectes, les uns déclarant mécréants les autres. Sachez qu’au dire des chrétiens l’être qu’ils adorent est une substance composée de trois personnes qu’il nomment le Père (qui est primordial), le Fils (qui est le Verbe), le Saint-Esprit ; c’est comme s’ils parlaient de connaissances, de caractères essentiels et de caractères accidentels — or il ne convient pas que Dieu soit accident ; il est nécessairement substance. Ils disent aussi qu’il ne convient pas de considérer Dieu comme composé car il doit être une substance simple ; qu’il n’est parfaitement puissant qu’à condition de pouvoir ressusciter les morts et parler. Ils disent que Jésus est fils de Dieu ; le mot Verbe signifie qu’ils trouvent leur voie grâce à son existence. Le Saint-Esprit signifie que l’homme pieux vivra par lui. Ce qu’ils disent au sujet de l’unité des trois personnes est déraisonnable : non seulement ils n’en savent rien, mais encore ils ne pourraient le faire comprendre à personne. Quand nous leur demandons : « Qu’est-ce que cette unité ? Pourquoi est-il obligatoire d’adorer Jésus ? » ils répondent : « Parce que Jésus fait office de médiateur entre nous et la divinité. »
Les Jacobites disent que l’unité divine existe en substance, en ce sens que les natures divine et humaine s’unissent absolument en Jésus — ce qui est vicieux, car, selon leur opinion, la nature divine est une substance simple tandis que la nature humaine est une substance composée ; donc cette unité est inconcevable et, à supposer qu’elle le fût, il faudrait que la nature divine fût composée ou que la nature humaine fût simple, ce qui serait absurde aussi bien pour l’une que pour l’autre.
Au dire des Nestoriens, il n’y a pas fusion des deux natures : la nature humaine devient seulement un temple pour le Messie ; par conséquent, Jésus représente deux substances et deux personnes. Selon certains Nestoriens, l’unité consiste en ce que le Verbe agit sur Jésus comme l’image agit sur le miroir sans y pénétrer. D’autres encore disent que le Verbe disposa certaines choses par la main de Jésus et qu’en cela réside l’unité. MORTAZA (ALAM-OL-HODÂ), Introduction à la connaissance des doctrines religieuses des humains, p. 12.