Or, comme nous sentons qu’il n’est pas une réalité qui ne cherche à s’étendre et à remplir sa mesure, nous devons plus que présumer que cette immensité d’objets qui nous environnent à une destination vaste et importante; savoir de servir à promulguer des réalités, chacun selon leur genre et leur classe, ou si l’on veut, de déposer, de témoigner en faveur de ce qui est, ou d’un fait quelconque qui a intérêt à se manifester, comme en même temps il doit être utile à notre pensée de connaître ce fait ou cette réalité, et à notre âme de les approcher de soi pour accroître notre existence.
Pour peu qu’on soit familiarisé avec les ouvrages déjà publiés sur ces matières, on reconnaîtra que notre être spirituel et notre être physique ont des facultés relatives à ce but important. En effet, nos organes matériels transmettent à notre âme animale et sensible l’impression des formes et des images de tous les objets qui leur sont présentés, ainsi que le sentiment des diverses propriétés dont ces objets sont revêtus. Notre âme pensante a ensuite la charge et le pouvoir d’analyser toutes ces propriétés, de considérer quel est le but de l’existence de tous ces objets divers, lorsque cette fin lui est inconnue: c’est-à-dire, qu’elle a le droit de chercher dans ces objets quelle est l’idée dont ils sont l’expression, quels sont les faits qu’ils viennent attester, ou quelle est la réalité qu’ils viennent manifester; et nous devons tous avouer que nous ne sommes réellement et complètement satisfaits que lorsque notre pensée jouit de la connaissance de la fin, et de la destination des objets, comme notre être sensible jouit des impressions qu’il reçoit par les diverses propriétés de ces mêmes objets: nouveau motif pour nous convaincre que tous les objets sont l’expression d’une idée; car comment pourraient-ils conduire notre intelligence à ce terme satisfaisant et lumineux s’ils n’étaient pas eux-mêmes, comme descendus de cette région de la lumière ou de la région des idées ?
(Ecce homo.)