Pour l’âme humaine, tout commence par le sentiment et l’affection, et c’est par là que tout se termine.
Aussi notre intelligence ne se développe qu’après que notre être intérieur a éprouvé en soi-même les premiers sentiments de son existence. C’est ce qui se fait connaître dans l’âge où l’homme va commencer à penser. A cette époque de notre vie, nous sentons naître en nous un foyer neuf et une sensation morale que nous ne connaissions pas auparavant. L’intelligence ne tarde pas à donner aussitôt des signes de sa présence, mais cela n’arrive à cet âge-là qu’après que le foyer moral s’est développé.
Dans un âge plus avancé, la sève monte à force vers la région de notre intelligence, et c’est le moment où nous avons le plus besoin de surveillants qui en dirigent le cours, et qui nous préservent des dangers de ses impétueuses irruptions; car, faute de soin, notre foyer moral serait bientôt obscurci ou altéré. Aussi c’est alors que les savants mettent les idées avant le moral, puisque même ils l’en font dépendre, comme ils font dépendre les idées des sensations et des objets externes.
Mais si ce foyer moral de sentiment et d’affection a l’initiative par droit de nature, il faudrait par conséquent que tout lui revînt en dernier résultat, comme nous voyons que les aliments que nous prenons ne nous sont utiles et ne remplissent leur objet qu’autant qu’ils portent leurs sucs et leurs propriétés jusque dans notre sang ou dans le foyer de notre vie.
Aussi sera-t-on obligé de convenir que toutes les clartés que l’intelligence des hommes acquiert par le raisonnement, ne leur servent qu’autant qu’elles pénètrent jusqu’au foyer moral, où elles apportent chacune l’espèce de propriété dont elle est dépositaire. C’est un tribut et un hommage qu’elles doivent rendre toutes à cette source, en venant témoigner, par le fait, le caractère de leur relation avec elle.
(Ministère de l’Homme-Esprit.)