L’ordre “terrestre”, – qu’il s’agisse de notre terre ou d’autres mondes analogues qui nous restent forcément inconnus, l’ordre “terrestre” donc est ce monde purement “naturel” que nous avons mentionné plus haut.
La Terre, c’est toujours Dieu, mais envisagé sous un rapport particulier qui autorise le symbolisme féminin : c’est Dieu, non pas dans sa réalité incréée, mais dans son action bénéfique, « conservatrice », « maternelle », à l’égard de la création. De même, quand le Chrétien prie : «Donne-nous notre pain de chaque jour », sa pensée n’implique aucun panthéisme immanentiste; il sait bien que les fruits ne poussent pas en vertu d’une intervention divine directe et miraculeuse. Mais comme Dieu est cause de tout bien, c’est lui que nous devons remercier pour le pain quotidien, bien que celui-ci ne nous soit donné que par l’intermédiaire de la nature, et non comme la manne qui tombait du ciel. Cette activité divine habituelle – ou naturelle – trouve son expression immédiate dans la Terre-Mère qui nous nourrit et à laquelle nous retournerons. Tout vrai symbolisme réside dans la nature des choses; la terre dont nous vivons est réellement un reflet, dans l’ordre matériel, de la générosité divine. (Frithjof Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains)