III – En raison de sa nature sujette an changement, l’œil est, lui aussi; un objet, et c’est le mental qui le perçoit :
L’œil est perçant ou trouble; parfois même, il cesse de fonctionner. Le mental a la capacité de connaître tous ces changements, car il est une unité. Et la même constatation s’applique à l’égard de tout autre organe : oreille, peau, etc… (pour les perceptions qui lui correspondent).
COMMENTAIRE
Rien que, par rapport à la multiplicité des formes, l’œil soit le sujet percevant, i l n’en devient pas moins, à l’égard du mental, un objet de perception.
L’œil est, en effet, affecté par les changements, et ces changements sont perçus par le mental ; c’est le mental qui pense : « Je suis aveugle ; je suis borgne ; je vois clair, etc… ». Le mental a connaissance de tous ces changements, car’ il est lui-même une unité de perception.
La même constatation s’applique à tous les organes sensoriels autres que la vue. Quoique l’odorat, le toucher, le goût, etc… soient, par rapport à leurs objets particuliers, le « sujet percevant », ils sont, à leur tour, perçus ,par le mental. Par conséquent, le mental devient « le sujet » ; n’est le mental qui perçoit, et lus organes sensoriels sont maintenant les objets de la perception.
N.d.T : On pourra peut-être objecter que le mental ne perçoit réellement pas l’organe sensoriel ; voici la réponse
Le terme « indriya » a deux significations ; la première se rapporte à l’organe lui-même ; la deuxième, à la modification du mental qui s’associe à l’organe. On comprend ainsi que le yogin parvienne à retirer son mental des organes des sens, et à couper t out contact avec le monde extérieur.
D’autre part, si l’on admet que l’œil, par exemple, perçoit un objet, et qu’en définitive, le véritable sujet de la perception est le témoin intérieur, on doit accepter également que, dans la série ascendante « objet, organe, mental, témoin », chacun des termes intermédiaires est perçu par celui qui lui est immédiatement supérieur ; la perception ne pourrait s’effectuer si, en un point quelconque de la chaîne, un maillon venait à manquer.