IV – Au même titre que les autres organes sensoriels, le mental est un objet perçu par une entité distincte de lui: voilà ce qu’explique le présent verset :
La Conscience illumine de multiples états mentaux tels que le désir, la détermination et le doute, la conviction1 et l’incrédulité, la persévérance2 et l’inconstance, la modestie, la compréhension, la crainte, etc…3, car la Conscience est une unité.
« Ce que l’on appelle le cœur4, ce n’est pas autre chose que le mental : connaissance, entendement, discrimination, cognition, compréhension, perception, concentration, réflexion, imagination, impulsions, mémoire, volition, décision, passion, appétition, convoitise — voilà, en vérité, les dénominations par lesquelles on désigne une seule et même conscience. » (Aitarey Upanishad, III, 2).
« II en désigna trois pour lui-même : le mental, l’organe de la parole et la force vitale ; voilà la part qu’il se réserva. On dit, en effet : « Mon mental était ailleurs ; je ne vis rien. Mon mental était ailleurs ; je n’entendis rien. — » C’est donc au moyen du mental que l’on voit et que l’on entend ; désir, délibération, doute, foi, incrédulité, endurance, impatience, honte, intelligence et peur, tout cela ce n’est rien d’autre que le mental. » (Brhadaranyaka Upanishad I, v, 3).
N. d. T. : Bien que, pour la commodité de l’analyse, on en arrive à distinguer dans le corps subtil ou organe intérieur, des fonctions différentes : ahane-kâra-buddhi-manas-citta, il ne s’agit, en somme, que d’une seule et même unité5.
Nous découvrons ainsi une série de termes échelonnés dont chacun joue le rôle d’unité à l’égard de celui qui le précède, et puisque chaque terme ne prend une telle valeur qu’autant qu’il est, sous ce rapport, conditionné par le terme antérieur, la rétrogradation doit nécessairement s’arrêter à un premier terme qui possède, lui, le caractère d’unité, mais, cette fois, d’une façon absolue, inconditionnée : c’est le Soi immuable (âtman).
conviction : soit dans les effets du karman, soit en l’existence d’une réalité ontologique ; ↩
persévérance : il s’agit ici de l’énergie qui soutient un homme épuisé physiquement ou moralement, etc…, et lui permet de résister à la fatigue, à la douleur, au mal, etc… ↩
etc… : d’autres états mentaux sont énumérés dans certaines Upanishads : citons entre autres, les passages suivants ↩
Le cœur est le siège de la buddhi; c’est à partir du moment où la kundalini s’élève dans la région du cœur que l’aspirant entre dans la vie spirituelle, car, auparavant, le mental (manas) persistait à s’identifier avec les organes des sens. ↩
Voir à ce sujet, dans l’ouvrage du swâmi Siddheswarânanda : « Quelques aspects de la philosophie védântique», 4e série, les causeries intitulées : « La perception d’après le sâmkhya» et « L’Ontologie du vedânta ». ↩