Attar (HMAP) – Humilité

Quelqu’un qui n’avait peur de personne posa la question suivante à Djondi le mystique1 : « De toi-même ou d’un chien lequel est le meilleur ? » Les disciples du maître alors coururent sus, ouvertement, afin de le mettre en morceaux. Mais d’un seul coup, le cheikh les en empêcha tous, et lui dit : « Je ne sais quel est l’arrêt divin ; cher ami ! cette affaire est ignorée de moi ; comment pourrais-je donc répondre à ta question ? Si des voyous errants j’avais reçu ma foi, je pourrais m’affirmer supérieur au chien. Mais ne voulant tirer ma foi de ces gens-là, plût à Dieu que je vaille autant qu’un poil de chien! » Le voile des secrets n’est pas tombé pour toi : ne te crois pas meilleur qu’un chien, fut-ce d’un poil, car si le chien ne tient pas le haut du pavé, il se trouve pourtant au même rang que toi. (Attar, Ilâhi-nâmè, éd. Ritter, p. 56.)


  1. Kamâl Djondi, disciple du célèbre mystique Najm-od-Dîn Kobra ; cf. Djâmi, Nafahât-ol-ons, éd. Calcutta, 1859, p. 487. 

Attar (1145-1221)