(O verdadeiro conhecimento é) a transformação de si mesmo na coisa e a transformação da coisa em si mesmo. [Giordano Bruno]
QUAND ON OSE DIRE :
« (La vraie connaissance est) la transformation de soi-même en la chose et la transformation de la chose en soi-même. »
« Alors tombera toute objection, alors on reconnaîtra que le principe suprême n’est ni plus formel ni plus matériel et qu’au point de vue de la substance tout est un. »
« Dans ses développements successifs, dans ses différentes parties, dans ses accidents et ses circonstances, dans ses situations particulières et ses moments divers, la nature n’est plus ce qu’elle est et peut être ; elle n’est plus qu’une ombre. »… « Toute notre connaissance repose sur des analogies et des rapports et ne peut aucunement s’appliquer à ce qui est incomparable, incommensurable, immense et unique. »… « Pour ce qui concerne la substance, on trouve que ni les péripatéticiens, ni les platoniciens n’ont établi de différence entre le corporel et l’incorporel. La forme seule comporte une distinction de ce genre. »
« Il n’y a qu’une seule possibilité absolue, qu’une seule réalité, une seule activité. Forme ou âme, c’est un ; matière et corps, c’est un. Un seul être, une seule existence. L’unité, c’est la perfection ; son caractère est donc de ne pouvoir être comprise, c’est-à-dire de n’avoir ni limite, ni fin, ni aucune détermination définitive. L’être un est infini et immense, voilà pourquoi il est immobile. Il ne peut changer de lieu, parce que hors de lui il n’est point de lieu. Il n’est pas engendré, parce que toute existence est son existence à lui. Il ne saurait périr, parce qu’il ne peut passer ni se transformer en rien. Il ne peut ni grandir, ni diminuer, parce que l’infini n’est susceptible ni d’augmentation, ni d’amoindrissement… Il n’est pas matière, parce qu’il n’a ni ne peut avoir ni figure ni limite. Il n’est pas forme et ne donne ni forme ni figure, parce qu’il est lui-même toute existence isolée, aussi bien que l’ensemble des existences… Il ne se comprend, il ne se saisit pas lui-même, parce qu’il n’est pas plus grand que lui-même. Il ne peut être compris, saisi, embrassé, parce qu’il n’est pas plus petit que lui-même… Puisqu’il est identique à lui-même, il ne forme pas deux êtres ; il n’a pas deux sortes d’existence, puisqu’il n’a pas deux manières d’être ; il n’a pas différentes parties, il n’est pas composé. Il est de la même manière tout et parties, tout et un, limité et illimité, forme et informe, matière et vide, âme et inanimé… Où il n’y a pas de mesure, il n’y a pas de rapports, ni de parties distinctes du tout. Une partie de l’infini serait l’infini même, et par conséquent se confondrait avec le tout… »
« L’esprit divin, c’est la même chose que ce qui conçoit et ce qui est conçu1. »
« Cognitio earum quæ sunt, ea quæ sunt, est2. »
VOILA CE QU’ON MÉRITE :
Au XVIe siècle — « … Le 9 février dernier, dans le palais du grand inquisiteur, en présence des très illustres cardinaux du Saint-Office, en présence des théologiens consultants et du magistrat séculier, Bruno fut introduit dans la salle de l’inquisition, et là il entendit à genoux la lecture de la sentence prononcée contre lui. On y racontait sa vie, ses études, ses opinions, le zèle que les inquisiteurs avaient déployé pour le convertir, leurs avertissements fraternels, et l’impiété obstinée dont il avait fait preuve. Ensuite il fut dégradé, excommunié et livré au magistrat séculier, avec prière, toutefois, qu’on le punît avec clémence et sans effusion de sang. A tout cela Bruno ne répondit que ces paroles de menace : « La sentence que vous portez vous trouble peut-être en ce moment plus que moi. » Les gardes du gouverneur le menèrent alors en prison ; là on s’efforça encore de lui faire abjurer ses erreurs. Ce fut en vain. Aujourd’hui donc (17 février 1600) on l’a conduit au bûcher… Le malheureux est mort au milieu des flammes, et je pense qu’il sera allé raconter, dans ces autres Mondes, qu’il avait imaginés, comment les Romains ont coutume de traiter les impies et les blasphémateurs. Voilà, mon cher, de quelle manière on procède chez nous contre les hommes, ou plutôt contre les monstres de cette espèce. » (Lettre de Gaspard Schoppe, témoin oculaire et, comme on voit, dévoué au Saint-Siège. – STRUVE, Acta litteraria, V, p. 64.)
Au XIXe siècle — « Ce Jordanus Bruno vivait dans le XVIe siècle. Il naquit à Nole, dans le royaume de Naples d’où il prend quelquefois le nom de Nolanus. C’était un jacobin de beaucoup d’esprit, mais un peu visionnaire et dont les idées ne sont pas toujours puisées dans le sens commun. Il existait malheureusement pour lui dans un temps où l’on brûlait les hommes pour fort peu de chose.
« J’ai lu ce livre avec attention et je suis forcé d’avouer que si le reste des ouvrages de Jordanus n’offre rien de meilleur, il s’est fait une réputation à bon marché et que ce n’est pas le feu qu’il fallait à sa personne, mais le fouet. »
(Cette note de Victor Cousin nous a été communiquée par Roger Vailland, qui l’a trouvée, écrite de la main du philosophe éclectique, en tête d’un exemplaire, lui ayant appartenu, du Ciel Réformé de Bruno.)
En 1930 — Ni feu ni fouet. On ne comprend plus – du sourire méprisant à la curiosité sympathique et niaise.
On ne croit plus que c’est dangereux.
Il y aura des cadavres bien étonnés…