- Ratié
- Antonio Carneiro
Ratié
En fait, comme l’a fait remarquer V. Eltschinger [voir Eltschinger 2007, p. 18-19], la traduction par Écriture est inadéquate dans la mesure où « le mot sanskrit āgama ne comporte aucune connotation liée à l’écrit [sanskrit likh-] [. . . ]. Pour les groupes ou auteurs utilisant ce terme [. . .], āgama n’a donc pas pour critère un medium physique, mais, avant tout, une modalité de transmission : le terme vise étymologiquement une catégorie de textes dans leur qualité de nous être traditionnellement “provenus” [āgata] ». J’ai cependant évité de traduire le terme par « connaissance traditionnelle » [cf. par exemple Houben 1997, p. 322 : « traditional knowledge », ou Bronkhorst 2001, p. 484, « tradition »], car s’il arrive que le terme ait une acception aussi large chez Bhartrhari par exemple, les philosophes de la Pratyabhijnā l’emploient le plus souvent au sens plus étroit d’un texte qui fait autorité par principe du point de vue d’une tradition religieuse donnée [on notera cependant qu’Utpaladeva et Abhinavagupta, tout en employant le terme ainsi, précisent que ce n’est là qu’un sens second]. J’ai aussi renoncé à dresser une liste des Écritures sivaïtes non dualistes, car leur définition même est problématique : comme A. Sanderson l’a montré, les sivaïtes non dualistes ont tendance à s’approprier des textes qu’ils présentent comme leurs Écritures parce qu’ils les réinterprètent à la lumière de leur non-dualisme [voir l’exemple du Mālinīvijayottaratantra dans Sanderson 1992]. Cf. néanmoins Torella 2002, n. 43, p. xxx, sur les sources scripturaires probables des ĪPK.