Jami: L’amour de Dieu

O Toi dont la beauté se montre en tout ce que nous pouvons voir, que mille âmes sanctifiées te soient en sacrifice offertes ! A tout moment, tel un roseau, je me plains d’être loin de toi1 ; pourtant, ô surprise ! de Toi, je ne suis jamais séparé. C’est seulement l’Amour divin qui, dans l’univers, se dévoile tantôt par les habits d’un prince, tantôt par ceux d’un mendiant. Une voix vient à ton oreille, mais tu l’entends sous deux aspects : tantôt tu la nommes appel, tantôt tu la nommes écho. Debout, échanson ! verse donc — sois généreux ! — une gorgée de ta coupe consolatrice pour les amoureux affligés. De cette coupe d’un vin pur, qui me délivre de moi-même, ne reste que l’être suprême aux yeux de ma contemplation. Le chemin qui conduit à Dieu, ce n’est que l’Amour, ô Djâmi ! Salut à celui qui le suit ! voilà ce que j’avais à dire. (Djâmi)


  1. Cf. Roumi, Masnavi, I,1er vers. 

Jami (1414-1492)