La légende de Faust

FAUST (JEAN).—Comme inventeur de l’imprimerie et comme ayant publié et répandu en Europe les premières éditions de la Bible, Jean Faust mérite d’être mentionné dans le Dictionnaire de littérature religieuse. Son nom appartient d’ailleurs à la poésie des légendaires, et a été popularisé parle drame allégorique de Goethe.

A l’époque où nous vivons, il est permis encore de douter si l’invention de l’imprimerie fut pour l’humanité un bienfait ou un fléau : toujours est-il que par le moyen de cet art, l’arbre de la science du bien et du mal secoua ses feuilles sur le monde, et a déjà fait goûter aux nations ses fruits les plus amers. C’est donc avec une grande raison que la tradition populaire des légendes, toujours si vraie dans ses symboles et si poétique dans ses allégories, a supposé qu’en la personne de Faust l’orgueil humain avait fait alliance avec l’esprit superbe qui nie Dieu.

Dans la légende de Faust écrite par Widmann, que nous donnerons à la suite de cet article, il n’est pas parlé de l’imprimerie, mais on en décrit les effets dans les conditions du pacte que fait Faust avec Méphistophélès : ainsi le démon s’engage à prendre toutes les formes et à obéir au docteur, mème les formes du génie, mème celles de la beauté; il s’engage à venir quand on l’appellera, à aller ou on l’enverra; or n’est-ce pas tout ce que peut faire l’esprit du mal au moyen de l’imprimerie? Au moyen de cette alliance, l’esprit de l’homme peut évoquer les morts de leur tombe, et vivre dans la société des anciens, comme nous voyons dans la légende que Faust évoqua le fantôme de la belle Hélène et vécut avec elle dans les liens d’un fantastique et criminel amour. Cette explication jette une lumière nouvelle sur la légende de Faust, qu’on ne relira pas ici sans intérèt, et qu’on peut regarder comme une des plus belles fictions du génie, populaire qui préside aux allégories merveilleuses et aux fantastiques légendes.

Dictionnaire de littérature chrétienne

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