Les poètes métaphysiciens

Les poètes métaphysiciens ou mystiques, Dante par exemple et certains troubadours, ou encore les poètes soufis, exprimaient des réalités spirituelles moyennant la beauté de leur âme. C’est là une question d’envergure beaucoup plus que de procédé, car il n’est pas donné à tout homme de formuler sincèrement des vérités qui dépassent l’humain ordinaire; même s’il ne s’agissait que d’introduire une terminologie symbolique dans un poème, il faudrait en tout cas être vrai poète pour pouvoir y réussir sans trahison. Quoi qu’on puisse penser de l’intention symboliste d’une Vita Nuova ou d’une Khamriyah (le « Cantique du Vin » d’Omar ibn Al-Fâridh), ou encore des quatrains d’Omar Khayyâm, il n’est pas possible de nier en pleine connaissance de cause la qualité poétique de telles œuvres, et c’est cette qualité qui justifie, au point de vue artistique, l’intention en question; du reste, la même symbiose de poésie et de symbolisme se rencontre dans des prototypes d’inspiration divine, tel le « Cantique des Cantiques ». (Frithjof Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains)

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