Ils croient que l’univers est l’œuvre de deux créateurs : Yazdân et Ahrimân, c’est-à-dire Dieu et le diable. Ils disent que quand Dieu créa le monde, il eut une mauvaise pensée et dit: « Que nul ne s’oppose à moi pour être mon ennemi » ; et Satan naquit de sa méditation. D’autres disent qu’Ahrimân était à l’écart du monde ; il regarda par un trou, vit Yazdân, envia sa gloire et sa grandeur, et c’est ainsi que le mal et la dépravation surgirent en lui. Yazdân créa les anges pour former ses milices et pour lés conduire contre Ahrimân. Il y eut entre eux longue guerre ; mais comme Yazdân ne put repousser Ahrimân, ils Irent là paix et déposèrent leurs glaives dans la lune (ou auprès des anges, selon d’autres) en stipulant qu’Ahrimân demeurerait en ce monde un temps déterminé et que, ce délai révolu, tous deux rompraient le pacte et Ahrimân serait tué par le glaive. Donc quand ce temps finira, Ahrimân quittera ce monde qui deviendra alors parfaitement bon, après la disparition du mal et du désordre. Au dire de certains mages, Yazdân et Ahrimân sont tous deux pourvus d’un corps ; mais en majorité, ils disent que Yazdân seul en est pourvu. Ils disent aussi qu’il est naturellement bon et ne peut faire le mal, tandis qu’Ahrimân, naturellement pervers, ne peut faire le bien. Donc tout ce qui est-bien vient de Yazdân et tout ce qui est mauvais vient d’Ahrimân — ainsi ils attribuent à Ahrimân la création des maladies, des êtres nuisibles (serpents, scorpions) et des turpitudes. Mais ce distinguo est absurde : en effet, à leur avis, spéculation et doute sont détestables ; or ils les considèrent comme venant de Yazdân.
Zoroastre, prophète des mages, était originaire de l’Azerbeidjân ; il s’établit dans le Fârs. Il possédait la connaissance des astres, des talismans et des impostures. Il fit creuser une cachette sous sa demeure et y entassa les richesses amassées depuis plusieurs années ; puis il fit le malade et dit à son fils : « Je vais mourir ; creuse ma tombe près de ce terrain et fais en sorte que je puisse apercevoir cette chambre souterraine. » Puis il se livra au trépas. Son fils l’inhuma suivant ses instructions. Quand les gens qui assistaient aux funérailles se furent éloignés, Zoroastre gagna le souterrain où il demeura quelque temps. Puis il en sortit, tenant le livre intitulé Zend (Avesta) et disant : « Dieu m’a ressuscité et m’a chargé de vous apporter son message. » Les mages le reçurent bien. On dit aussi que le roi Goschtasp le fit emprisonner et qu’il opéra de tels miracles que le roi le relaxa. Au dire de Zoroastre, le Créateur créa ce qui correspondait à son essence ; comme il y a du bien et du mal dans le monde, il s’ensuit nécessairement qu’il y a deux créateurs ; le créateur du bien et de la lumière est Dieu, exempt d’imperfection ; le créateur du mal et des ténèbres est Ahrimân, imparfait et incapable. Au dire de quelques Zoroastriens, tous deux sont doués de puissance ; mais l’auteur du bien fut le premier à créer ; chaque fois que Yazdân crée un bien, Ahrimân crée un mal qu’il y oppose. Selon les uns, le corps humain est l’œuvre de deux créateurs. Selon d’autres, ni l’un ni l’autre ne le créa ; mais tous deux le trouvèrent et y mirent l’un le bien, l’autre le mal. MORTAZA (ALAM-OL-HODÂ), Introduction à la connaissance des doctrines religieuses des humains, p. 8.