Original
L’art pseudo-chrétien, inauguré par le néo-paganisme de la Renaissance, ne recherche et ne réalise que l’homme; les mystères qu’il devrait suggérer, il les étouffe dans le vacarme de la superficialité et de l’impuissance, caractères inévitables de l’individualisme; il fait, en tout caps, un mal immense à la collectivité, surtout par son ignorante, hypocrisie. Comment en serait-il autrement, puisque cet art n’est que du paganisme déguisé et qu’il ne tient aucun compte, dans son langage formel, de la chasteté contemplative et de la beauté immatérielle de l’esprit évangélique? Comment qualifier de « sacré» un art qui, oublieux du caractère quasiment sacramental des images saintes, et oublieux aussi des règles traditionnelles du métier, propose à la vénération des fidèles des copies charnelles et tapageuses de la nature, voir des portraits de concubines peints, par des libertins? Dans l’Eglise ancienne, et dans les Eglises orientales jusqu’à nos jours, les peintres des icônes se préparaient au travail par le jeûne, la prière et les sacrements; ils ajoutaient leurs inspirations humbles et pieuses à celle qui avait fixé le type immuable de l’image; ils respectaient scrupuleusement le symbolisme – toujours susceptible d’une infinité de nuances précieuses – des formes et des couleurs. Ils trouvaient la joie créatrice, non en inventant de prétentieuses nouveautés, mais en recréant amoureusement les prototypes, révélés, d’où une perfection spirituelle et artistique qu’aucun génie individuel ne saurait atteindre. (Frithjof Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains)
Cutsinger
The pseudo-Christian art inaugurated by the neopaganism of the Renaissance seeks and realizes only man; the mysteries it should suggest are suffocated in a hubbub of superficiality and impotence, inevitable features of individualism; in any case it inflicts tremendous harm on the collectivity, above all by its ignorant hypocrisy. How could it be otherwise, seeing that this art is merely a disguised paganism and takes no account in its formal language of the contemplative chastity and immaterial beauty of the Gospel spirit? How can one unreservedly describe an art as “sacred” that offers to the veneration of the faithful carnal and showy copies of nature, even portraits of concubines painted by libertines, forgetful as it is of the quasi-sacramental character of holy images and forgetful too of the traditional rules of the craft? In the ancient Church and in the Eastern Churches even down to our own times, iconographers prepared themselves for their work by fasting, prayer, and sacraments, adding their own humble and pious inspirations to the inspiration that had fixed the immutable type (35) of the image; they scrupulously respected the symbolism—always susceptible to an endless series of precious nuances—of forms and colors. They drew their creative joy not from inventing pretentious novelties but from a loving re-creation of revealed prototypes, whence a spiritual and artistic perfection that no individual genius could ever attain.