Schuon: Les espèces animales les plus inférieures

Original

Les espèces animales les plus inférieures, celles qui – nous répugnent, manifestent le plus directement la qualité d’ignorance (tamas); elles nous sont désagréables parce qu’elles sont de la « matière vivante » ou « consciente », alors que la loi de la matière est précisément l’inconscience. Les singes nous choquent pour la raison inverse, c’est-à-dire parce qu’ils sont comme des hommes dépourvus de la conscience centrale qui caractérise le genre humain; ils sont, non de la « matière consciente,», mais de la conscience décentralisée, dissipée1. D’autre part, il est des animaux supérieurs à forme « spirituelle » inférieure, et inversement : l’homme n’aime ni les porcs ni les hyènes, mais il n’éprouve aucune antipathie pour des insectes tels que les abeilles, les papillons ou les coccinelles. (Frithjof Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains)


Cutsinger

The lowest animal species, those that repel us, manifest most directly the quality of ignorance (tamas); they are repugnant to us because they are like “living or conscious matter” whereas the law of matter is precisely unconsciousness. Monkeys shock us for the opposite reason, that is, because they are like men who have been deprived of the central consciousness that characterizes mankind; they are not “conscious matter” but consciousness decentralized, dissipated.2 On the other hand there exist higher animals that possess an inferior “spiritual” form, and conversely: man does not like either swine or hyenas but feels no antipathy toward such insects as bees, butterflies, or ladybirds.


  1. A l’objection qu’il est des singes sacrés, dans l’Inde par exemple, nous répondrons qu’il faut distinguer entre un symbolisme intrinsèque et un symbolisme partiel, le premier résidant dans la nature fondamentale et le second dans un attribut. L’extrême agilité des singes est susceptible d’un symbolisme positif, exactement comme la fidélité et la vigilance des chiens ou comme la prudence des serpents. 

  2. To the objection that there are sacred monkeys, in India for example, we would reply that a distinction must be made between an intrinsic symbolism and a partial symbolism, the first residing in the fundamental nature of the being in question and the second in an attribute. For instance, the extreme agility of monkeys can, like the fidelity and vigilance of dogs or the sagacity of snakes, have a positive symbolism. 

Frithjof Schuon