Wiener
Au grand commencement de toutes choses, il y avait le néant de forme, l’être imperceptible ; il n’y avait aucun être sensible, et par suite aucun nom [155] . Le premier être qui fut, fut l’Un, non sensible, le Principe. On appelle tei norme, la vertu émanée de l’Un, qui donna naissance à tous les êtres. Se multipliant sans fin dans ses produits, cette vertu participée s’appelle en chacun d’eux ming son partage, son lot, son destin. C’est par concentration et expansion alternantes, que la norme donne ainsi naissance aux êtres. Dans l’être qui naît, certaines lignes déterminées spécifient sa forme corporelle. Dans cette forme corporelle, est renfermé le principe vital. Chaque être a sa manière de faire, qui constitue sa nature propre. C’est ainsi que les êtres descendent du Principe. Ils y remontent, par la culture taoïste mentale et morale, qui ramène la nature individuelle à la conformité avec la vertu agissante universelle, et l’être particulier à l’union avec le Principe primordial, le grand Vide, le grand Tout. Ce retour, cette union, se font, non par action, mais par cessation. Tel un oiseau, qui, fermant son bec, cesse son chant, se tait. Fusion silencieuse avec le ciel et la terre, dans une apathie qui paraît stupide à ceux qui n’y entendent rien, mais qui est en réalité vertu mystique, communion à l’évolution cosmique.
Kia-Hway
Au commencement il y avait le néant, le néant n’avait pas de nom. De là se reproduisit l’un; il y eut l’un sans avoir de forme matérielle. Les êtres en naquirent : c’est ce qu’on appelle sa vertu. Dans ce qui n’avait pas de forme, il y eut une distribution d’où s’ensuivit un mouvement perpétuel qui a pour nom Destin. Au cours de ses transformations sont nés les êtres. A son achèvement, l’être créé possède un corps organisé. Ce corps préserve l’âme. L’âme et le corps sont soumis à leurs lois propres. C’est ce qu’on appelle la nature innée. Qui perfectionne sa nature fait retour à sa vertu originelle. Qui atteint à sa vertu primitive s’identifie avec l’origine de l’univers et par elle avec le vide. Le vide est grandeur. Il est pareil à l’oiseau qui chante spontanément et s’identifie avec l’univers. C’est lorsqu’il s’identifie parfaitement avec l’univers qu’il apparaît ignorant et obscur. Il atteint à la vertu profonde et s’abîme dans l’harmonie universelle.
Elorduy
En el principio existía la Nada. La Nada carecía de nombre. [Según otra puntuación: Al principio existía la No Nada; existía sin nombre]. Esta fue el origen del Uno. Existía el Uno pero informe. Lo que ha dado la existencia a los seres se llama Virtud. Lo informe se fue dividiendo indefinidamente, y se llamó Mandato. La alternancia de reposo y acción da origen a los seres. Al constituirse un ser, nace su razón o norma y se llama cuerpo. El cuerpo guarda al espíritu. Cada cosa tiene su propio tenor y se llama naturaleza. Perfeccionando la naturaleza, se vuelve a la Virtud. Lograr la Virtud en su grado supremo es identificarse con el Origen. Identificarse es volver al Vacio y el Vacío es grandeza. Es esa unión del cantar de las avecillas [sin propósito particular], unión armoniosa que sintoniza con las armonías del Cielo y de la Tierra. Armonía caótica, inconsciente y confusa. Se llama misteriosa y arcana Virtud. Es la unión en la gran conveniencia.
Watson
In the Great Beginning, there was nonbeing; there was no being, no name. Out of it arose One; there was One, but it had no form. Things got hold of it and came to life, and it was called Virtue. Before things had forms, they had their allotments; these were of many kinds, but not cut off from one another, and they were called fates. Out of the flow and flux, things were born, and as they grew they developed distinctive shapes; these were called forms. The forms and bodies held within them spirits, each with its own characteristics and limitations, and this was called the inborn nature. If the nature is trained, you may return to Virtue, and Virtue at its highest peak is identical with the Beginning. Being identical, you will be empty; being empty, you will be great. You may join in the cheeping and chirping and, when you have joined in the cheeping and chirping, you may join with Heaven and earth. Your joining is wild and confused, as though you were stupid, as though you were demented. This is called Dark Virtue. Rude and unwitting, you take part in the Great Submission.