Shamkara: conscience – mental – corps

VII

Selon le premier çloka, l’œil et le mental ont été successivement décrits comme si, par rapport aux différents objets de perception qui- leur correspondent, ils étaient, chacun, le spectateur ; or, ils sont eux-mêmes inanimés. Et une question se pose : « Ont-ils, par eux-mêmes, le pouvoir de connaître ? » Le çloka qui suit donne la réponse : bien que l’œil et le mental soient tous deux insensibles, ils paraissent être conscients, parce que la Conscience se reflète en eux ; c’est ainsi que l’œil et le mental peuvent prendre connaissance des objets.

Le sage pense que le reflet (de la Conscience) et le sens de l’ego, tels le feu et la boule de fer chauffée au rouge, ne font qu’une seule et même chose1.

Le corps2 s’identifie avec l’ego (lequel s’était déjà identifié avec le reflet de la Conscience), et il en vient à prendre conscience de lui-même3.


  1. seule et même chose : dans le cas de la boule de fer chauffée au rouge, le feu et le métal paraissent s’identifier l’un avec l’autre. De même, le reflet de la Conscience dut entre en contact avec l’ego, s’identifie à plein avec ce dernier ; le reflet de la Conscience et l’ego ne peuvent être dissociés l’un de l’autre. Ce reflet de la Conscience qui s’identifie avec l’aham-kara vivante » (jiva). 

  2. le corps : ce corps qui, autrement, serait inerte et inanimé. 

  3. conscience de lui-même : en raison de cette identification, on attribue au corps le mouvement, etc… La conscience confère une sensibilité apparente à tous les objets, depuis le sens de l’ego jusqu’aux objets grossiers, parce que c’est elle qui constitue l’essence et la substance universelle. Le corps grossier comprend tous les membres en lesquels les organes sensoriels ont leur siège ; il n’y a donc pas lieu d’envisager une identification particulière avec tel ou tel d’entre eux. 

Sankara (séc. VIII)