Elle guide les caravanes des désirs, réalise nos entreprises et nos affaires importantes. Sans l’aide d’une résolution rigide, nul prince n’a tenu dans la main de son pouvoir la bride de la domination de ses États ; sans la poursuite d’un grand effort, nul ne parvint au trône de la royauté ni au siège de la souveraine puissance.
(Vers) Sans résolution droite et sans effort parfait, personne n’atteindra l’objet de ses désirs.
La ferme résolution consiste en ceci. Quand un homme a ceint ses reins pour entreprendre une affaire et quand il s’attache à réaliser son dessein, qu’il ne se laisse arrêter par nul obstacle ni gagner par nulle négligence ou langueur. On demanda à un sage : « En quel cas la résolution des princes se montre-t-elle bonne ? à quel moment est-elle utile ? » Il répondit : « Elle est louable au suprême degré quand il s’agit de repousser les ennemis de l’État ; en effet, chaque fois qu’un roi, montrant sa confiance en le verset coranique (Quand tu entreprends quelque chose, mets ta confiance en Dieu, III, 153), met le pied de son dessein à l’étrier de la résolution, l’armée de la conquête et de la victoire s’empresse assurément de venir au-devant de lui, parce que la résolution rigide est le signe de la suprématie et du succès.
(Vers) Quand avec résolution ferme, le roi chausse son étrier, l’adversaire a le cœur brisé, la bride lui tombe des mains.
On à rapporté qu’un prince avait pris l’habitude de manger de la terre1. Les médecins avaient beau le lui interdire et lui en représenter les inconvénients, il n’y renonçait pas. Un jour, un religieux vint le voir et le trouva tout maigre et chétif. Sa joue, rouge comme la fleur du gainier, avait pris la couleur du safran ; son corps, naguère fort et vigoureux, était captif de la délibilité. Le religieux en demanda la cause. Le sultan lui dit la vérité : « Je mange de la terre ; aussi j’ai le pied dans la boue de l’embarras, je tiens sur mon cœur la main du regret. — Puisque tu sais que tu te nuis en agissant ainsi, pourquoi n’y renonces-tu pas ? — Malgré tous mes efforts, je ne puis me maîtriser. — Où donc est cette résolution qui est propre aux rois et dont on ne peut en aucune façon les détourner ? » Le sultan, tout ému de ces paroles, résolut de renoncer à manger de la terre ; par le bon effet de cette résolution, il fut sauvé de ce danger. (Hosaïn Vâ’èz Kâchèfi)
H. Massé, Croyances, p. 32, n. 2. ↩