Em um tratado sobre a «arte hierática dos gregos», Proclus, esta alta figura do neoplatonismo tardio cujo estudo foi durante muito tempo abandonado, escreveu isto: «Como se faz na dialética de amor, parte-se das belezas sensíveis para se elevar até que se encontre o princípio único de toda beleza e de toda ideia, assim como os adeptos da ciência hierática tomam por ponto de partida as coisas aparentes e as «simpatias» que elas manifestam entre elas e com os poderes invisíveis. Observando que tudo está em tudo, eles estabeleceram os fundamentos da hierática, se surpreendendo de ver e admirando nas realidades primeiras as últimas vindas dos seres e nos últimos os primeiros; no céu, as coisas terrestres segundo um modo causal e celestemente, e sobre a terra, as coisas celestes em uma condição terrestre». Exemplo: o heliotropo e sua oração. «Que outra razão pode-se dar ao fato que o heliotropo segue por seu movimento o movimento do sol, e o selenotropo o movimento da Lua, fazendo cortejo na medida de seu poder, às tochas do mundo? Pois, em verdade, toda coisa ora segundo o nível que ocupa na natureza, e canta o louvor do chefe da série divina ao qual pertence, louvação espiritual, ou louvor racional ou físico ou sensível; pois o heliotropo se move segundo é livre de seu movimento, e na volta que faz, se se pode ouvir o som do ar agitado por seu movimento, se se daria conta que é um hino a seu rei, tal que uma planta pode cantá-lo».
Ce texte d’un philosophe et d’un poète, ayant le sentiment hiératique de la Beauté, nous apparaît comme un texte exemplaire, éminemment apte à préluder aux thèmes qui vont fixer ici notre méditation. Il met en connexion « dialectique d’amour » et « art hiératique », celui-ci étant fondé comme celle-là sur un mème principe : la communauté d’essence entre les êtres visibles et les invisibles. « On peut voir sur la Terre, dit encore Proclus, des soleils, des lunes, dans une condition terrestre, et dans le ciel, dans une condition céleste, toutes les plantes, les pierres, les animaux, vivant spirituellement. » Cette communauté d’une mème essence qui se pluralise en plusieurs êtres, n’est point perçue à l’aide d’une argumentation remontant de l’effet à la cause ; elle est la perception d’une sympathie, d’une attraction réciproque et simultanée entre l’être apparent et son prince céleste, c’est-à-dire l’un de ceux que Proclus désigne ailleurs comme des Anges créateurs, générateurs et sauveurs, groupés en choeurs et escortant l’Archange ou le Dieu qui les conduit, de mème que les fleurs de la Terre font cortège à l’Ange qui est le chef de la « série divine » à laquelle elles appartiennent. La communauté d’essence est en effet perçue ici dans le phénomène visible d’une fleur, ce tropisme qui lui donne son nom : héliotrope. Or, perçu comme phénomène de sympathie, ce tropisme est chez la plante à la fois action et passion : son action (c’est-à-dire son tropos, sa « conversion ») est perçue comme étant l’action (c’est-à-dire l’attraction) de l’Ange ou prince céleste dont elle porte par là mème le nom. Son héliotropisme (sa « conversion » vers son prince céleste) est donc en fait une héliopathie (la passion qu’elle en subit). Et c’est cette passion, ce πάθος (pathos), qui se dévoile dans une prière, laquelle est l’acte de cette passion par laquelle l’Ange invisible l’attire vers lui. Cette prière est donc en elle le pathos de leur sympatheia (il nous faut ici penser étymologiquement, le mot « sympathie », tel qu’il est usité dans la langue courante, ayant beaucoup perdu de sa force) ; par cette sympatheia s’actualise l’aspiration réciproque fondée en la communauté de leur essence.
(CorbinIbnArabi)