É um dos termos chaves do sistema teosófico de Ibn Arabi; a ideia de criação recorrente, criação nova (khalq jadid), põe em causa a natureza mesma da Criação. Ora, já vimos que não há lugar no pensamento de Ibn Arabi para uma criação ex nihilo, para um começo absoluto, precedido de nada. A existenciação de uma coisa que não teria já tido existência, uma operação criadora que teria tido lugar uma vez por todas e estaria agora terminada, constituem para ele uma enormidade de absurdos teóricos e práticos. A Criação como «regra do ser», é o movimento pré-eterno e contínuo pelo qual o ser é manifestado a cada instante sem um revestimento novo. O Ser criador, é a essência ou a substância pré-eterna e pós-eterna que se manifesta a cada instante nas formas inumeráveis dos seres; quando ele se oculta numa, se epifaniza noutra. O Ser criado, são esta formas manifestadas, diversificadas, sucessivas e evanescentes, tendo sua subsistência não em sua autonomia fictícia, mas no ser que se manifesta nelas e por elas. A criação não significa portanto nada de menos que a Manifestação (zohur) do Ser Divino oculto (Batin), nas formas dos seres: em sua hecceidade eterna a princípio, em sua forma sensível em seguida, e isso por uma renovação, uma recorrência de instante em instante desde a pré-eternidade. É isso esta «criação nova» à qual para o teósofo, faz alusão o versículo corânico: «Estaríamos fatigados pelo primeira Criação, para que estejam na dúvida de uma criação nova?» (50/14).
Cependant, pas un instant nous ne cessons de voir ce que nous sommes en train de voir ; nous n’avons pas conscience qu’à chaque instant il y ait existentiation et disparition, parce qu’à l’instant mème de la disparition, est existentié le semblable de ce qui vient de disparaître. Nous croyons que l’existence, la nôtre par exemple, est continue dans le passé et dans l’avenir, et cependant à chaque instant le monde revèt une « création nouvelle », revètement qui jette aussi bien un voile sur notre conscience, puisque nous ne nous apercevons pas de ce renouvellement incessant. A chaque souffle du « Soupir de Compatissance divine » (Nafas al-Rahmân), l’être cesse, puis il est; nous cessons d’être, puis nous venons à être. En réalité il n’y a pas d’« ensuite», car il n’y a pas d’intervalle. L’instant de la disparition est l’instant mème de l’existentiation du semblable (on en verra plus loin l’illustration dans l’épisode du trône de la reine de Saba). C’est que l’« Effusion de l’être » qui est le « Soupir de Compatissance », se propage dans les ètres comme l’eau qui coule dans un fleuve, se renouvelant sans cesse. Une mème heccéité éternelle est revètue d’une détermination existentielle ; elle en est dépouillée, revètue d’une autre, voire dans un autre lieu, tout en demeurant ce qu’elle est dans le monde du Mystère. Et tout cela advient dans l’instant (al-ân), un temps indivisible in concreto (mème s’il est divisible dans la pensée), cet atome de temporalité que l’on désigne comme le « présent » (zamân hâdîr, non pas le nunc qui est la limite idéale du passé et de l’avenir, et qui est négativité pure), sans que les sens perçoivent aucun intervalle.
Le fondement positif de ces métamorphoses, c’est la perpétuelle activation des Noms divins requérant l’existentiation concrète des heccéités qui manifestent ce qu’ils sont, mais qui en elles-mèmes sont de purs possibles, ne requérant pas l’existence concrète de par elles-mèmes. Il s’agit bien ici d’une Image primordiale interprétant la nature de l’être en devançant toute perception sensible empirique, puisque aussi bien la succession dans l’instant ne donne ni antériorité ni postériorité perceptible aux sens ; il s’agit d’une pure « succession » intelligible, idéale. D’un côté, négativité persistante, puisque le possible ne postule aucune nécessité d’être; de l’autre, existentiation persistante en vertu de l’Epiphanie divine. C’est pourquoi du côté des possibles, il y a discontinuité pure ; il y a récurrence non pas du mème, mais du semblable. La continuité est du côté des Noms divins et des heccéités éternelles (a’yân thâbita). Du côté des phénomènes (mazâhir), il n’y a que des connexions sans cause, aucun n’étant cause de l’autre. La causalité est tout entière dans les Noms divins, dans le renouvellement incessant, d’instant en instant, de leurs épiphanies. La récurrence de la Création consiste en cette récurrence des épiphanies. Ainsi l’identité d’un être ne tient pas à quelque continuité empirique de sa personne ; elle est tout entière du côté de cette activité épiphanique, de son heccéité éternelle. Du côté du manifesté, il n’y a que du semblable, d’instant en instant.
[CorbinIbnArabi]