… Nous avons reçu le caractère de signes et de témoins de la divinité dans l’univers; et comme tels nous avons été remplis de toutes les puissances et de toutes les clartés divines, conformément à la sublimité de notre destination, et à la grandeur des droits qui devaient nous être accordés pour la remplir. Car pour quel objet aurions-nous été ainsi détachés de ce cercle de l’immensité divine, en qualité de signes et de témoins, si ce n’eût été pour répéter dans la région où la sagesse nous envoyait ce qui se passait dans le cercle divin ? Et comment cette région partielle aurait-elle pu exister, si quelques êtres, se désordonnant eux-mêmes, ne se fussent interdits par là l’accès de la région universelle, puisque l’unité principe cherche par sa nature à tout remplir, et que dès lors le mal ne peut être que la concentration partielle d’un être libre, et son abstraction volontaire du règne de l’universalité ?
Ainsi, de même que dans l’ordre éternel de l’immensité divine, Dieu suffit à la plénitude de la contemplation de tous les êtres, de même, lorsque nous avons reçu une mission individuelle et une existence détachée de lui, nous n’aurions pu le retracer, ni être ses signes et ses témoins qu’en montrant en nous l’image réduite de ce Dieu à des êtres, qui, s’étant concentrés dans leur propre présence, auraient perdu de vue la présence divine, et se seraient trouvés comme enfermés dans cette atmosphère particulière de leur erreur.
(Ecce homo.)