Hermopolis

EGITO ANTIGO — HERMÓPOLIS MAGNA

Pierre Gordon: IMAGEM DO MUNDO NA ANTIGUIDADE

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A mais antiga tradição do Egito Antigo, aquela de Hermópolis, informa que uma elevação divina, a «maravilhosa colina dos tempos primordiais», emergiu um dia do oceano; da Caverna guardada nesta montanha sacrossanta saíram, por pares, quatro rãs (= quatro mulheres iniciadas), e quatro serpentes (= quatro homens iniciados): estes oito seres transcendentes criaram um ovo, que depositaram no pico da montanha. Deste ovo nasceu um pássaro, idêntico à luz. Os Oito eles mesmo tinham sido criados por Irta, quer dizer o «criador da terra», que era um homem-serpente; este, por sua vez, era o filho da serpente primordial Kematef (= aquele que fez o seu tempo). Reconhecemos sem dúvida neste último a hipóstase da antiga Ilha Santa, e em Irta, aquela da grande Montanha.

original

Ces brèves notations aident déjà à entendre la plus ancienne tradition de l’Égypte : celle d’Hermopolis, d’après laquelle une hauteur divine, la « merveilleuse colline des temps primordiaux », émergea un jour de l’océan; de la caverne enfermée dans cette montagne sacrosainte sortirent, par couples, quatre grenouilles (= quatre femmes initiées), et quatre serpents (= quatre hommes initiés) : ces huit êtres transcendants créèrent un œuf, qu’ils déposèrent sur le sommet de la montagne. De cet œuf naquit un oiseau, identique à la lumière. Les Huit eux-mêmes avaient été créés par Irla, c’est-à-dire par le « créateur de la terre », qui était un homme-serpent; celui-ci, à son tour, était le fils du serpent primordial, Kematef (= celui qui a fait son temps). Nous reconnaissons sans peine dans ce dernier l’hypostase de l’antique Ile Sainte, et dans Irta, celle de la grande Montagne.

Les plus lointaines cosmogonies chaldéennes, celles de Nippur, parlent également de la « montagne du ciel et de la terre » sur laquelle Anou créa les dieux Anunnaki, lesquels, au début, « ignoraient le nom des céréales, du long fossé, de la mare, de la charrue » : nous sommes ainsi reportés à une époque où la théocratie ne connaissait point l’agriculture, autrement dit au paléolithique. — Une [27] autre cosmogonie chaldéenne mentionne, comme principe des choses, l’apparition soudaine, hors de l’eau, de l’apsû, ou ab-zu, c’est-à-dire de la maison du savoir. Cette terre pure ou île sainte s’hypostasia peu à peu en une divinité de premier plan, Ea (e — a = maison de l’eau), identique à Enki ( = le Seigneur de la Terre), autrement dit au Roi du Monde (Ea semble, en effet, avoir possédé cette dignité antérieurement à Anou; il fut l’équivalent d’Ouranos et de Varuna). Ce personnage, qui se sacralisait en revêtant une dépouille de poisson, est le fameux Oannès de Bérose (Oannès transpose phonétiquement Ea-Khan — Ea le poisson, en akkadien). — L’autre grand dieu de la Chaldée, Enlil (— le seigneur du souffle, ou de l’esprit) est l’hypostase de la Grande Montagne : il porte officiellement le titre de shadû rabû (= Grand Mont); son temple, à Nippur, sera toujours appelé E-Kur (= maison de la Montagne).

Vers le début du premier millénaire avant l’ère chrétienne, les Babyloniens et les Assyriens avaient abouti, par amplification progressive des données initiales, à la conception suivante (Ch. F. Jean, Le Milieu Biblique avant JésusChrist, tome III, pp. 365 seq.) : au centre se situait une haute île-montagne circulaire, représentant la Terre; elle était enveloppée par l’océan terrestre, que bordait une vaste muraille circulaire (supku) : cette muraille supportait le ciel. Elle se trouvait renforcée, tant à l’est qu’à l’ouest, par deux hauteurs, entre lesquelles une porte livrait passage au soleil, à son lever et à son coucher. La coupole du ciel s’appuyait sur ces quatre montagnes et sur le mur circulaire. Elle était enveloppée par l’océan céleste, ou par les eaux d’en haut, qui communiquaient avec l’océan inférieur par les deux portes du ciel. A la voûte céleste, les étoiles formaient, par leurs divers assemblages, de mystérieux signes graphiques, exprimant avec exactitude la substance immortelle des êtres et des objets sacrés qui se rencontraient sur la terre.— Dans les entrailles [28] de l’île-montagne, était logé le monde souterrain, ou Arallû, habité par les dieux Anunnaki (ces dieux, qui étaient primitivement des personnalités célestes, avaient été remplacés au ciel par les dieux Igigi).

L’on saisit tout de suite l’origine et le sens de cette représentation lorsqu’on part de la caverne sacrosainte : la paroi supérieure de cette dernière était, ontologiquement, le ciel; les eaux du sommet de la montagne constituaient l’océan supérieur; elles pénétraient dans la grotte par les mêmes ouvertures que la lumière du soleil; les objets qu’on accrochait aux murs de l’antre étaient divins et contenaient l’essence dynamique des êtres dont on leur donnait le nom. Ils s’identifiaient avec les astres; d’où les dénominations, tout initiatiques, des constellations. Si l’on n’entend pas ces données essentielles, l’on est incapable d’expliquer que le ciel ait été, chez tant de peuples, considéré comme une coupole de pierre (plus tard, quand de hauts initiés travaillèrent le métal et en revêtirent la caverne : comme une voûte de bronze).

Notons, par surcroît, que la Chaldée, pays essentiellement plat, avait certainement reçu d’ailleurs l’idée de la Montagne sacrée comme image fondamentale du cosmos. Ce détail suffirait pour établir que les plus anciens Sumériens ne furent nullement les inventeurs des rites initiatiques et des représentations qui s’y trouvaient liées : ils furent, comme tous les peuples, les disciples de la Grande Montagne. Nous mettons en relief ce point, dans l’Origine et l’Œuvre du Sacerdoce Primitif.

Pierre Gordon