Burckhardt: émanation

L’image d’une « effusion », d’un « débordement » ou d’une « émanation » de l’Être (al-wujûd) ou de la Lumière divine (an-nûr) dans les « formes » réceptives du monde ne doit pas s’entendre comme une émanation substantielle, car l’Être — ou la Lumière divine incréée — ne procède pas hors de Lui-même. Cette image exprime au contraire la souveraine surabondance de la Réalité divine, qui déploie et illumine les possibilités relatives du monde, bien qu’Elle soit « riche en Elle-même » (ghanî binafsih) et que l’existence du monde n’ajoute rien à Son infinité. — Le symbolisme de l’« effusion » (al-fayd) divine se réfère à cette parole du Prophète : « Dieu a créé le monde dans des ténèbres, puis Il versa (afâda) sur lui de Sa Lumière. »

Titus Burckhardt