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Ce que démontre le chemin de la Connaissance est donc l’illumination d’une nouvelle conscience conforme à la Réalité. La conscience humaine est concentrique et limitée, c’est-à-dire, elle part d’un centre et s’ouvre de façon radicale pour contempler son environnement. Le centre, ou le noyau de cette prise de conscience, un emprisonnement efficace, collabore à la création et le soutien de l’idée de subjectivité — le soi, ou le point d’où la conscience voit —, et en contrepartie, la conscience donne lieu à l’idée d’objectivité — ce qui est vu, ou regardé. C’est ainsi que la connaissance pure (chit) est décomposée en deux secteurs partiels qui convertissent nécessairement chaque acte de conscience en un fait incomplet et imparfait. Mais la réalisation du chemin de la Connaissance exige l’obtention d’une conscience absolue, c’est-à-dire d’une conscience capable de placer son centre en tout point, ou de regarder sans centre. Cette prise de conscience, indéfinissable, mais infini, illimité et nécessairement lumière elle-même, car elle est l’ensemble des connaissances, c’est la qui correspond, selon le Advaitisme, à l’état appelé Turiya. Pour démontrer les possibilités d’un tel état, Sankara observe que l’homme connaît généralement trois états de conscience, l’éveil (viseva), le sommeil avec des rêves (taijasa) et le sommeil profond (prajna). Chacun des trois états, à travers lesquels l’Être en soi-même, l’Atman, se découvre comme unitaire et permanent, est ordonné de moins en plus subtilité. L’Atman aussi, le Spectateur des trois degrés ou étapes de la réalité, est différent de l’un des trois états qui composent le spectacle. Mais si le Spectateur se trouve être différent de l’un des trois états, on en peut déduire qu’il est pur et sans condition, à savoir, libre des attributs qui correspondent à chaque état, aussitôt que cette exemption est la seule qu’établit une distinction efficace. Il faut alors se mettre en quête de l’état de conscience de le Spectateur — celui équivalent à Turiya, le quatrième état —, celui qui, nécessairement, étant également exempté d’attributs, ne diffère pas du Spectateur lui-même, c’est-à-dire de l’Atman.